Avec ses 213 millions de places vendues, 2019 a enregistré le troisième plus haut niveau de ventes depuis 1966, faisant ainsi du cinéma un des loisirs préférés des Français. Pourtant, il n'est pas rare de devoir débourser plus de 10 euros pour s'offrir une place. Le grand écran est-il devenu un loisir de luxe ? 5ème épisode de notre série d’été consacrée à la valse des prix.

15,40 euros. Voici le plein tarif pour un billet au Gaumont Alésia à Paris. De quoi y réfléchir à deux fois avant d'aller au cinéma. Lorsque l’on épluche les bilans annuels du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), le constat semble sans appel : le prix moyen d’une place de cinéma ne cesse d’augmenter.

L'an passé, 13% des places étaient vendues à un prix qui dépasse les 10 euros. Il y a 20 ans, cette proportion n’était que de 0,02% ! Ceci s’explique par l’arrivée de la technologie 3D à partir de 2009, et le surcoût qui l’a accompagnée. Non seulement les films en relief ont des tickets plus chers, mais à cela s'ajoute la location des lunettes 3D, facturée entre 1 et 3 euros. Certains cinémas permettent toutefois de les acheter afin de les ramener à chaque séance, ce qui limite le surcoût pour le consommateur. Mais la place à plus de 10 euros risque cependant de perdurer, car avec les dernières technologies tels l’IMAX, la 4XD, le Dolby Cinéma ou encore le Screen X, les tarifs s’approchent parfois de la vingtaine d’euros ! La vente de ces billets a bondi de 21,2% par rapport à 2018. Quant aux places de plus de 20 euros, leur vente a progressé de 42,9%.

Pour autant, le prix moyen d'une place de cinéma reste toujours nettement inférieur à la barre symbolique des 10 euros. Il est passé de 5,04 euros (33,03 francs) en 1991 à 6,79 euros en 2019, soit une augmentation de 35% en presque 30 ans. Cette hausse a été contenue par des places vendues à petits prix. En effet, l’année dernière, trois quarts des entrées (75,7% plus exactement) ont été vendues à 7 euros maximum.

Ceci s'explique par la multiplication des offres promotionnelles et des tarifs préférentiels proposés aux utilisateurs. La Fête du cinéma et le Printemps du cinéma, respectivement lancés en 1985 et 2000, permettent de payer sa place quelques euros, quelles que soient la salle et la séance choisie. En 2014, un tarif unique de 4 euros a même été est instauré nationalement pour les jeunes de moins de 14 ans. D’autres tarifs réduits sont souvent proposés aux étudiants, demandeurs d’emploi, ou encore aux séniors. N'oublions pas les cartes d’abonnement, qui offrent un accès illimité aux salles obscures. L’année passée, 7,3% des entrées étaient réalisées dans le cadre de ces formules.

Evolution du prix d'une place de cinéma

Et si le prix d'une place de cinéma a progressé, on constate que la hausse moyenne n'a été que de 1,05% par an entre 1991 et 2019. Bien moins que les 1,5% d'inflation annuelle moyenne. Le tarif d’une entrée a donc bien augmenté chaque année, mais moins vite que la hausse des prix. Ainsi, lorsque l’on ajuste le prix moyen d’une place par rapport à l’inflation, l’entrée à 5,04 euros de 1991 équivaut à une place de 7,54 euros en 2019. C'est plus que les 6,79 euros du prix moyen du ticket enregistré l'an passé.

Infographie : que finance une place de cinéma ?