La hausse des prix à la consommation frôle les 5% en avril... et elle devrait dépasser cette barre dès le mois de mai. Pourtant, mis à part le Smic, peu de revalorisations, dont le calcul est réglementé, suivent le rythme effréné de l'inflation. Quand les formules automatiques vont-elles s'enclencher ? Le calendrier.

Prolongation du bouclier tarifaire sur les prix du gaz et de l'électricité, remise sur les carburants, triplement de la prime Macron, suppression de la redevance TV... Voici quelques unes des mesures que le gouvernement compte insérer dans un projet de loi de finances rectificative, dès le mois de juin. Si l'actuelle majorité LREM remporte une nouvelle fois les élections législatives bien entendu. Ce mercredi, à l'issue du Conseil des ministres, l'actuel porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a égrainé d'autres coups de pouce pouvant intéger ce paquet de mesures rapides, parmi lesquels un dégel du point d'indice de la Fonction publique (quasi inchangé depuis 2010 mis à part deux légères augmentations sous Hollande) ou encore une revalorisation anticipée des retraites et prestations sociales dès juillet 2022 « sans attendre le calendrier habituel ». Par définition, ces promesses restent hypothétiques, puisque conditionnées aux élections législatives et aux débats de la nouvelle Assemblée nationale.

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Quel est donc ce fameux « calendrier habituel » ? L'inflation, ou plus précisément l'indice des prix à la consommation (IPC), est de 4,8% en avril selon la dernière publication de l'Insee, ce vendredi. La hausse des prix devrait même flirter non loin des 6% dès juin 2022.

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Les hausses programmées pour 2022

Juillet 2022 : allocations chômage. C'est au 1er juillet que l'Unédic augmente traditionnellement l'allocation minimale et l'ensemble des indemnisations de l'assurance chômage. En juillet 2021, cette hausse concernant 2,4 millions de demandeurs d'emploi était limitée à 0,6%. Impossible de deviner à l'avance celle du 1er juilllet 2022 : elle passe par un vote des administrateurs de l'Unédic, c'est-à-dire les « partenaires sociaux gestionnaires du régime » (représentants des employeurs et salariés). Cette revalorisation prend en compte l'inflation mais son calcul n'est pas indexé. C'est-à-dire qu'elle ne va pas automatiquement progresser au même rythme que la hausse des prix.

Août : LEP et Livret A. Là une formule de calcul existe... et elle s'appliquera à coup sûr au 1er août prochain à la vue de la flambée de l'inflation. Si les prévisions de l'Insee se concrétisent, le Livret A devrait grimper à 1,5% et le Livret d'épargne populaire pourrait bondir à 4,4%.

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Octobre : allocations logement. Le barème des aides personnalisées au logement est réévalué une fois par an. La dernière hausse était clairement désavantageuse pour les bénéficiaires : 0,42% seulement en octobre 2021. Comment expliquer ce décalage avec l'inflation ? Car les APL sont revalorisées sur la base de l'indice de référence des loyers (IRL), qui est lui-même calculé sur l'inflation moyenne des douze mois précédents... En octobre 2022, la hausse sera plus franche. Mais sera-t-elle à la hauteur de l'inflation ? Pas sûr. La revalorisation d'octobre se basera sur l'IRL du 2e trimestre 2022, inconnu à ce jour. Un indice toutefois : l'IRL du 1er trimestre n'est que de 2,48%.

Octobre : taxe foncière. Voilà une hausse qui peut déjà être anticipée. En 2022, la valeur locative cadastrale, base de calcul de la taxe foncière, grimpe de 3,4%, par application d'un indicateur de l'inflation. S'ajoutera à cette hausse générale les potentielles augmentations votées par les départements ou communes. Pour rappel, la taxe foncière sera due au 15 octobre.

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Novembre : retraite complémentaire. Les pensions reposent d'une part sur le régime général - pour lequel l'Etat peut décider d'anticiper une hausse - et sur des régimes complémentaires, qui ne seront eux, dans tous les cas, pas concernés par une augmentation décidée par le gouvernement. Quand les 13 millions de retraités touchant une allocation de retraite complémentaire du régime des salariés du privé, Agirc-Arrco, verront-ils cette pension augmenter ? Au 1er novembre. La dernière hausse n'était que de 1%. Celle de cette année sera nécessairement bien plus importante. Au niveau de l'inflation ? Presque... Cette revalorisation annuelle prend certes en compte l'inflation mais le conseil d'administration de l'Agirc-Arrco dispose d'une marge de 0,5 point par rapport au taux prévisionnel de l'année en cours qui devrait flirter avec les 4%.

Une nouvelle hausse automatique du Smic en 2022 ?

Parfois critiquée, la formule de calcul du Smic est toutefois l'une des seules qui prévoit une activation automatique en cas d'envolée de l'inflation. Pour faire simple, quand les prix grimpent de plus de 2% sur quelques mois, la formule s'enclenche automatiquement et le Smic augmente au même rythme. C'est pour cela qu'il a progressé de 2,2% en octobre 2021, puis plus habituellement de 0,9% en janvier dernier et enfin de 2,65% au 1er mai. Le Smic net est ainsi passé en un an « de 1230,60 euros à 1302,64 euros net », par stricte application de la loi, sans aucun coup de pouce gouvernemental. Ces hausses concernent environ 2 millions de salariés, soit 12% de l'ensemble des salariés, selon les derniers chiffres de la Dares.

Cette formule automatique pourrait-elle s'appliquer à nouveau en 2022 ? Difficile à dire à court terme. Tout dépend évidemment de l'accélération (ou du ralentissement) de l'inflation. La dernière valeur de l'inflation prise en compte, pour la hausse du 1er mai, est l'IPC de mars 2022 pour les 20% de ménages les plus modestes (le « 1er quintile »). L'inflation galope encore plus vite pour ces Français modestes. Cet IPC spécifique était de 4,8% en mars et il grimpe déjà à 5,3% en avril.

Très schématiquement, à court terme, il faudrait que l'inflation tutoie les 7% dans les prochains mois pour que le Smic augmente à nouveau de façon mécanique.

Ces hausses qui attendront 2023 (en théorie)

Janvier 2023 : salaires. Rien n'empêche un employeur d'augmenter ses salariés sans attendre janvier 2023 et la traditionnelle saison des négociations annuelles. En 2022 le cabinet Deloitte estime que l'augmentation médiane se situe à 2,35%, et à 2,55% en prenant en compte l'ancienneté et les promotions. « Le niveau d'inflation est le motif principal » des budgets prévus par les entreprises pour les hausses de salaires de l'année 2022. A l'image des analyses de la fin d'année 2021, les négociations de la fin 2022 pour les augmentations 2023 devraient prendre en compte cette nouvelle donne.

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Janvier : loyers. Tout dépend du bail, et de la date prévue pour la révision annuelle. Janvier ou date anniversaire de la signature du bail ? Si le contrat de location indique le mois de janvier, l'indice de référence des loyers (IRL) du 3ème trimestre 2022 ou celui du 4ème trimestre seront très probablement proche du niveau actuel de l'inflation, autour de 4%.

Janvier : retraite de base. Le calcul est basé sur une moyenne qui ralentit clairement les augmentations. La dernière hausse en date est celle de janvier 2022, de seulement 1,1%. Clairement en déclage avec l'inflation qui frisait déjà les 3%. Le gouvernement compte remédier à ce système suite aux élections législatives. Si ce n'est pas le cas, il faudra donc attendre le 1er janvier 2023 pour que la pension du régime général augmente à nouveau. Et ce sur la base d'une moyenne de l'IPC sur 12 douze mois, de novembre 2021 à octobre 2022. Cette fois, sauf coup de pouce anticipé d'ici là, la revalorisation réglementaire serait importante, probablement autour de 4% à 5%.

Janvier : minimum vieillesse. Là encore, sauf application anticipée de la promesse d'Emmanuel Macron de porter ce revenu minimal à 1 100 euros nets, il faudrait attendre janvier 2023 pour voir l'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA), pendant du RSA pour les seniors, progresser. La formule est la même que pour la retraite de base et une hausse automatique serait donc similaire.

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Avril : allocations familiales. La dernière revalorisation automatique était de 1,8% seulement. Elle s'est appliquée aux allocations du mois d'avril 2022, celles qui viennent d'être versées, début mai. Cette hausse était bien inférieure à l'inflation à cause d'une formule de calcul prenant en compte la moyenne des douze derniers mois, arrêtée en février. Sauf coup de pouce gouvernemental, la prochaine hausse automtique - dans un an - sera bien supérieure.

Avril : RSA et prime d'activité. La Caisse nationale des allocations familiales (CAF) verse aussi le RSA et la prime d'activité, qui progressent au même rythme, avec une hausse de 1,8% en avril dernier. Il faudra donc attendre avril 2023 pour une prochaine augmentation... sauf si le prochain gouvernement, institué suite aux élections législatives, décide d'accélérer le rythme.

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