En plein boom, le marché des appareils électroniques reconditionnés a fait l'objet d'une enquête de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Absence de tests, certifications bidons... Le gendarme de la concurrence a rappelé à l'ordre 53 revendeurs.

Peu onéreux, et plus respectueux de l'environnement, les appareils électroniques reconditionnés suscitent l'intérêt des Français. En 2020, plus de 2,8 millions de smartphones reconditionnés auraient été vendus, selon la DGCCRF, soit 13% des smartphones vendus sur l'année.

Attention, toutefois, avant de vous lancer. Dans une enquête menée en 2020 et 2021 auprès de 84 magasins et sites de vente en ligne, la DGCCRF a identifié de nombreux dysfonctionnements en matière d'information aux consommateurs. Au total, 53 entreprises, soit 62% des revendeurs contrôlés, ont fait l'objet d'une injonction administrative ou d'un avertissement.

Manque de justificatifs

Parmi les impairs relevés par le gendarme de la concurrence, l'incapacité de certains revendeurs à fournir des justificatifs prouvant que les produits ont bien été testés avant d'être revendus. Et pour cause : « certains produits dits reconditionnés étaient juste remballés. D'autres étaient testés uniquement à l'allumage », indique aux Echos Rémy Slove, directeur de cabinet et porte-parole de la DGCCRF.

Or, l'utilisation du terme « reconditionné » implique que « les fonctionnalités de l'appareil ont été testées et que celui-ci a été si besoin remis en état », rappellent les services de la répression des fraudes. Faute de satisfaire à ces exigences, l'appareil doit être considéré comme un bien « d'occasion », et non comme un produit reconditionné.

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Par ailleurs, plusieurs revendeurs annonçaient que leurs produits avaient obtenu une certification, alors même qu'il ne s'agissait le plus souvent que de processus de contrôle réalisés en interne. Un argument marketing qui leur a valu un avertissement de la DGCCRF, les « exigences du cadre légal de certification » impliquant de recourir à « un organisme tiers accrédité », rappelle l'institution.

Informations trompeuses

Autre carence mise en avant par l'enquête de la DGCCRF : le manque d'information précontractuelle sur l'état des produits. Trop souvent, les revendeurs se contentent de termes génériques, comme « bon état » ou « très bon état ». Insuffisant, estime le gendarme de la concurrence, pour qui ces informations ne permettent pas aux consommateurs de « connaître le degré éventuel de perte de la qualité d'usage des équipements, ni de comparer les produits entre eux ou de comparer un produit reconditionné à un produit neuf ».

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Pour finir, les enquêteurs de la DGCCRF ont relevé des informations trompeuses de nature à « créer une confusion entre la garantie légale, obligatoire et gratuite, et la garantie commerciale, souvent payante ». Comme pour les produits neufs, la garantie légale pour les produits reconditionnés est valable deux ans à compter de la date d'achat.

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