Les assureurs se sont engagés à diriger 6 milliards d'euros de l'épargne qu'ils gèrent vers les start-up françaises en croissance, en application d'annonces effectuées en septembre par le président Emmanuel Macron.

« Vingt et une institutions ont signé et mettront 6,154 milliards d'euros sur la table sur les trois ans qui viennent, avec un objectif de 20 milliards à terme, pour le financement des start-up technologiques » en croissance, a déclaré le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, à l'issue d'un rendez-vous avec les assureurs français à Bercy. « C'est du vrai argent, j'ai demandé à chaque assureur de signer son parapheur, pour être bien sûr que les engagements financiers arrivent bien à destination », a-t-il ajouté.

Les assureurs se sont engagés à orienter cette épargne vers les start-up technologiques en croissance, celles dont les besoins de financement se chiffrent en dizaines, voire en centaines de millions d'euros, et qui ont du mal aujourd'hui à trouver des investisseurs capables de parier sur elles. Les investissements des assureurs se répartiront à peu près également entre entreprises cotées et entreprises non cotées.

« C'est un enjeu majeur de souveraineté »

« C'est un enjeu majeur de souveraineté » pour la France, a déclaré Bruno Le Maire. « Est ce que nous voulons avoir nos propres entreprises de la tech qui se développent et deviennent des entreprises de taille intermédiaire, puis des licornes » (entreprises non cotées valorisées à plus d'un milliard de dollars NDLR), ou « voulons-nous rester des champions des start-up (...) avec le risque qu'elles soient rachetées les unes après les autres par des géants américains ? »

Devant les assureurs, menés par la présidente de la Fédération française de l'assurance Florence Lustman, Bruno Le Maire s'est engagé à batailler pour un assouplissement de certaines normes prudentielles pour faciliter leurs investissements « dans des sociétés cotées ou non cotées ». « Vous pouvez comptez sur moi pour me battre pour que la direction de la directive européenne Solvabilité 2 (qui régule le secteur de l'assurance NDLR) se fasse dans l'intérêt du financement de notre économie », a-t-il dit. « Faisons très attention à ce que la sur-réglementation européenne ne conduise pas à survaloriser banque et les assureurs américains, au détriment des banques et du secteur financier européen. »

La signature à Bercy des engagements des assureurs est la traduction concrète des efforts en faveur de l'investissement dans les start-up technologiques en croissance annoncés en septembre à l'Elysée par Emmanuel Macron, devant un partenaire de représentants de la tech et d'investisseurs.

Techniquement, les assureurs ont signé trois documents différents, a expliqué Philippe Tibi, dont le rapport il y a quelques mois avait orienté les annonces d'Emmanuel Macron : « Il y a un contrat d'engagement, sur des montants différents » pour chaque assureur « mais dont les termes sont strictement identiques pour l'ensemble des investisseurs », a-t-il expliqué. « Il y a également une charte de gouvernance du projet (...) qui place les investisseurs au centre du projet, et enfin un cahier des charges », qui vise notamment à « localiser sur notre territoire de nombreuses équipes d'investissement de niveau mondial ».