Le projet de loi sur la prise en charge de la dépendance, initialement promis par le gouvernement avant la fin 2019, se fait toujours attendre et ne devrait finalement être présenté qu'en 2020, se sont inquiétées lundi plusieurs associations et fédérations du secteur de l'aide aux personnes âgées.

« Le projet de loi Grand âge et autonomie ne sortira pas en 2019 », s'est alarmée dans un communiqué l'AD-PA qui regroupe des directeurs d'Ehpad et de services à domicile.

« L'État, une fois de plus, ne tient pas sa parole; c'est donc un message négatif adressé au secteur de l'aide aux personnes âgées, alors que tout le monde s'accorde à dire qu'il y a urgence à agir tant le malaise social est profond », a ajouté l'association. De leur côté, les fédérations de services à domicile UNA, FNAAFP/CSF, ADMR et Adessadomicile disent avoir « eu la naïveté de croire à une grande loi Autonomie qui aurait dû être présentée fin 2019, mais désormais repoussée à une date inconnue à ce jour ». « La déception est immense, alors qu'il y a urgence ! », ont souligné dans un communiqué ces fédérations pour lesquelles « l'absence de réponse du gouvernement est incompréhensible ».

Pas de précision pour le calendrier

Contacté par l'AFP, le cabinet de la ministre des Solidarités Agnès Buzyn s'est refusé à toute précision sur le calendrier. Mi-2018, le président Emmanuel Macron avait promis qu'une loi « pour répondre au nouveau risque de la dépendance » serait « votée avant la fin de l'année » 2019.

En mars dernier, en recevant un important rapport sur le grand âge qui esquissait de nombreuses pistes de travail, Mme Buzyn avait indiqué qu'elle s'en inspirerait pour présenter la loi en Conseil des ministres « à l'automne ».

Puis, début octobre, le ministère évoquait un projet de loi « en décembre ». Cependant, fin octobre, en recevant un autre rapport - cette fois consacré à la manière de rendre plus attractifs les métiers du secteur -, la ministre n'avait plus évoqué l'échéance de 2019. « Je nous donne d'ici début 2020 pour réussir », avait-elle précisé.

Lundi, la ministre n'a d'ailleurs fait état d'aucune échéance particulière en évoquant dans un communiqué un troisième rapport qui lui a été remis la semaine dernière et qui concerne la lutte contre les discriminations subies par les « seniors ». Désormais, « l'AD-PA n'acceptera plus ni rapport ni report car la situation appelle des décisions concrètes », a prévenu l'association lundi.

Les fédérations de services à domicile ont réclamé de leur côté « une loi d'envergure et un investissement majeur et pérenne en faveur de l'accompagnement des personnes vieillissantes », pour enrayer la « paupérisation des intervenants à domicile » et la « non-attractivité des métiers » qui conduisent les associations, faute d'effectifs, à ne pas pouvoir honorer certaines demandes d'aide.

La « grande souffrance » des personnes âgées

Soignants, aides à domicile et résidents de maisons de retraite s'étaient mobilisés en octobre dans toute la France pour réclamer davantage de moyens pour le secteur des personnes âgées, marqué selon eux par une « grande souffrance ». L'intersyndicale des Services d'aide aux personnes âgées (Sapa) et l'AD-PA réclament la création « en urgence » de 40.000 postes dans le secteur, « au moins deux postes par établissement et service de soins à domicile ».

Plus de 600.000 personnes vivent dans l'un des 7.500 Ehpad, soit environ 20% des plus de 85 ans. Le nombre de seniors en perte d'autonomie, qui était de 2,5 millions en 2015, pourrait atteindre 4 millions en 2050, selon l'Insee.