Les nouveaux PEL ont perdu de leur superbe depuis 2018. Désormais imposables dès leur première année de détention, rémunérés à 1% brut et sans coup de pouce de l’Etat à l’issue, faut-il pour autant renoncer à ce best-seller de l’épargne ?

A quelques mois de son cinquantenaire, le Plan d’épargne logement est-il sur la sellette ? Le PEL ayant ces dernières années fait l’objet de plusieurs coups de rabot successifs. Il y a d’abord eu son assujettissement aux prélèvements sociaux, dès la première année, pour les plans ouverts à partir de mars 2011. Il y a ensuite eu les baisses successives de sa rémunération : elle est désormais de 1% alors que son taux atteignait 2,50% jusqu’en février 2015. Et, auparavant exonérés d'impôts jusqu'à leur 12ème anniversaire, les PEL ouverts depuis le 1er janvier 2018 sont soumis à la « flat tax » de 30% dès la première année.

Un produit vraiment moins rentable que le Livret A ?

Autrement dit, pour les personnes redevables de l’impôt sur le revenu, les nouveaux plans rapportent 0,70% net de prélèvements sociaux et fiscaux. C’est moins que le Livret A, rémunéré 0,75%, et ce alors même que le Plan d’épargne logement est plus contraignant. Ses détenteurs sont notamment obligés d’y verser au moins 540 euros par an.

Mais pour Véronique Lopez, responsable de l’offre épargne à la direction du marketing du Crédit Agricole SA, la baisse du taux du PEL est à relativiser et à replacer dans le contexte de taux bas… En effet, en comparaison des livrets des banques, rémunérés en moyenne 4 fois moins à 0,26%, le PEL sort du lot. A 1%, Ie PEL est ainsi au même niveau que le taux de base du Livret Distingo de PSA, le livret d'épargne le mieux-disant. De plus, pour la majorité des Français – 57% des ménages sont non imposables – le rendement du PEL reste supérieur au Livret A.

Et, à la diférence des livrets (Livret A compris), la rémunération du PEL est fixée pour toute sa durée de vie, soit 15 ans au maximum. Pour la percevoir, il est toutefois nécessaire de conserver son plan au moins 2 ans. Pour une clôture avant ce cap, les intérêts sont recalculés au taux du Compte épargne logement en vigueur (0,50% actuellement). Le Plan d'épargne logement bénéficie également d’un autre avantage par rapport aux livrets réglementés : son plafond nettement plus élevé. Il est ainsi de 61 200 euros, contre 22 950 euros pour le Livret A.

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Prêt PEL : un pari sur l’avenir

Comme produit d’épargne pur, le PEL s’adresse donc désormais d’abord aux ménages non imposables. Mais celui-ci n’est pas uniquement destiné à faire fructifier sans risque son épargne. Traditionnellement, il est aussi et surtout souscrit par anticipation, en vue de financer un bien immobilier. Au bout de 3 ans, le PEL génère en effet des droits à prêt qui permettent d’emprunter jusqu’à 92 000 euros, remboursables sur 2 à 15 ans, à un taux fixé d’avance. Il est de 2,20% pour les plans ouverts depuis août 2016.

Toutefois, dans le contexte actuel – le taux d’emprunt moyen se situant à 1,44%, selon le dernier observatoire du Crédit Logement CSA – compléter son crédit bancaire par un prêt PEL n’est souvent pas intéressant. Concrètement, seuls les profils atypiques se voyant proposer un taux d’intérêt supérieur à 2,20% peuvent tirer profit de leur prêt PEL. Résultat, ouvrir actuellement un PEL dans l’objectif de financer avec un logement est un pari sur l’avenir, une couverture en cas de remontée des taux, comme le résume Véronique Lopez. « Aujourd'hui, le taux du prêt PEL est supérieur au taux du marché. Mais dans 5 ans, il est possible que le contexte soit très différent et que les taux d'intérêt remontent », explique la responsable de l’offre épargne à la direction du marketing du Crédit Agricole SA.

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Mais ce pari sur l’avenir nécessite d’y consacrer du temps et de l’argent. Car pour obtenir un crédit d’un montant important, il est nécessaire d’épargner suffisamment afin d'obtenir des droits à prêt significatifs… Ces derniers augmentent en effet avec les intérêts perçus par l’épargnant. Or, avec une rémunération fixée à 1%, se contenter du minimum de versements obligatoires s’avère insuffisant. Pour obtenir 30 000 euros à amortir sur 10 ans, il faut ainsi cumuler 615 euros de droits à prêt, ce qui correspond par exemple à un versement initial de 15 000 euros, puis à un virement de 310 euros par mois pendant 3 ans.

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Le PEL pour se forcer à mettre de côté

Même raboté, le Plan d’épargne logement demeure néanmoins pour beaucoup de Français un placement incontournable. En attestent les dernières statistiques de l’Insee. En 2018, 27,6% des ménages détiennent un PEL. C’est certes moins qu’en 2004 - 33,6% des Français avaient alors ouvert un PEL - mais plus qu’en 2015, date à laquelle ils étaient 25,2% à en posséder un. « Malgré ses récentes évolutions, nous continuons à ouvrir beaucoup de PEL dans les réseaux de caisses régionales. Nous avons ainsi ouvert près de 220 000 plans en 2018 », assure d'ailleurs Véronique Lopez du Crédit Agricole.

En cause, le fonctionnement même du PEL, selon Véronique Lopez. « L'obligation de versement minimum est plutôt perçue comme une opportunité par nos clients. Cela les oblige à mettre au moins 45 euros de côté par mois. De ce point de vue, le fonctionnement du PEL s’avère vertueux pour les personnes n'ayant pas le réflexe d'épargner », estime-t-elle. Et, ce petit pécule peut servir d’apport personnel dans le cadre d’un crédit immobilier, mais pas uniquement. Une fois débloquée, l’épargne ainsi accumulée peut être mobilisée comme bon leur semble.

La preuve, les Français n'hésitent pas à puiser dans leur PEL, même si cela entraîne sa clôture. Résultat, ces derniers mois, la collecte du PEL passe plus fréquemment dans le rouge : -182 millions d’euros en juin 2018, - 40 millions en septembre ou encore -126 millions en octobre dernier.