Le risque de turbulences sur les marchés financiers internationaux a progressé ces derniers mois, pointe la Banque de France dans un rapport publié lundi, s'inquiétant d'une multiplication des incertitudes dans la plupart des grandes zones économiques mondiales.

« Les vulnérabilités s'accroissent sur les marchés financiers mondiaux », écrit l'institution monétaire dans son rapport semestriel sur l'évaluation des risques du système financier français. Ceci étant, cette publication doit être lue avec une certaine distance. Elle vise en effet à identifier les menaces potentiellement déstabilisantes pour la finance mondiale, tout en sachant que ces risques et l'ensemble de leurs conséquences possibles n'ont pas nécessairement vocation à se réaliser.

Risques de turbulence sur les marchés actions

Dans le détail, la Banque de France constate qu'en dépit de plusieurs épisodes récents de baisse, les grandes bourses mondiales restent à des niveaux élevés et que par conséquent, le risque de turbulences reste particulièrement prégnant sur les marchés actions et obligations, en Europe comme aux États-Unis.

« Plusieurs facteurs d'incertitudes se combinent en provenance des grandes zones économiques : politiques commerciales protectionnistes et stimulus budgétaire procyclique aux États-Unis, vulnérabilités structurelles de certains pays émergents, situation politique en Europe (Italie, Brexit) », affirme le rapport. « La progression en début d'année des valorisations a créé un potentiel croissant de correction sur les marchés actions américains et européens, qui pourrait provenir d'un choc d'incertitude ou d'une remontée soudaine et insuffisamment anticipée des taux d'intérêt », est-il ajouté.

L'institution met ainsi également en garde contre le risque d'une remontée brutale des taux d'intérêt en Europe, notamment dans un contexte où l'évolution politique observée en Italie s'est accompagnée d'un creusement marqué des écarts de taux de crédit italiens par rapport aux taux d'intérêt des dettes souveraines allemandes. Cette évolution n'a pour l'instant « pas entraîné de contagion notable à d'autres pays de la zone euro, mais pourrait affecter les conditions de financement des agents privés italiens », juge le rapport.

La dette privée sous surveillance

Dans ce contexte, la Banque de France continue à surveiller comme le lait sur le feu la croissance de l'endettement du secteur privé en France, qui n'a cessé de progressé ces derniers mois et qui avait déjà poussé mi-juin les autorités françaises à relever de manière « préventive » les exigences de capital réglementaire minimum imposées aux banques.

« Cette évolution pourrait conduire à la constitution de déséquilibres financiers jouant un rôle d'amplificateur en cas de choc ou de retournement de l'activité », écrit-elle dans le rapport.