Les banques ont répété mercredi leur opposition « totale » à toute taxe sur les transactions financières, tandis que les ONG ont affiché un optimisme prudent face à la nouvelle initiative de la France en la matière.

Sans surprise la Fédération bancaire française (FBF), organisation qui représente les intérêts des banques, a réitéré son « opposition totale » au nouveau projet de taxe sur les transactions financières (TTF) à l'issue d'une consultation avec le ministre des Finances Michel Sapin mercredi.

Le ministre a confirmé au cours de cet entretien « qu'une nouvelle initiative française serait prise et qu'il consultait les différents acteurs sur ses modalités », écrit la FBF, reçue à Bercy aux côtés de Société Générale, BNP Paribas, Crédit Agricole, BPCE, de l'opérateur boursier Euronext, de Paris Europlace, et de l'Association française de gestion financière (AFG). « Les acteurs financiers de la Place de Paris ont réitéré leur opposition totale et leur incompréhension face à une telle initiative qui est contraire aux intérêts de l'économie française, des entreprises, des investisseurs et de la Place de Paris », déclare la FBF dans son communiqué.

Europlace, association chargée de promouvoir la place financière parisienne, a elle assuré dans un communiqué que le prélèvement d'une TTF entraînerait un « renchérissement significatif des coûts de financement pour les entreprises », et porterait des « risques de délocalisation ».

Les ONG « vigilantes »

Le projet de taxe, qui a connu beaucoup de vicissitudes ces dernières années, a été relancé début janvier par le président français François Hollande, qui s'est engagé à la mener à son terme au plus tard en 2017 et à la mettre au service de la lutte contre le réchauffement climatique.

Cette fois, dans une démarche très inhabituelle, Michel Sapin a pris soin de recevoir personnellement et un par un les représentants des ONG. Les associations, très attentives à un projet censé financer le développement international, l'avaient accusé l'an dernier d'avoir fait capoter les négociations européennes sur la TTF.

Dans un communiqué commun, les associations AIDES, Amis de la Terre, ATTAC, CCFD-Terre solidaire, Coalition PLUS, ONE, Oxfam et Réseau Action climat ont « salué » cette volonté de dialogue et « l'engagement de M. Sapin à travailler avec plus de transparence », mais se sont également dites « vigilantes ».

Les ONG réclament une taxe « sur l'ensemble des transactions financières » et capable de rapporter au moins 6 milliards d'euros par an en France, le tout dès le 1er janvier 2016.

L'initiative française défendue fin janvier

François Hollande avait le 5 janvier remis sur le métier ce projet de taxe, devant engager dans un premier temps 11 pays européens, en changeant radicalement de direction. Alors que Paris défendait jusqu'ici l'idée d'une taxe en plusieurs temps, ne concernant d'abord qu'un nombre restreint de titres, le chef de l'Etat s'est déclaré en faveur d'une taxe à taux faible mais touchant « tous les produits de la finance ».

La nouvelle initiative française doit être défendue par M. Sapin les 26 et 27 janvier auprès de ses homologues européens, réunis pour un Conseil pour les affaires économiques et financières (Ecofin).