Le ministre des Finances français, Michel Sapin, a assuré que les difficiles discussions en vue d'une taxe sur les transactions financières (TTF) européenne avaient « bien avancé », mais sans indiquer de date possible de conclusion.

M. Sapin, invoquant des informations transmises par l'Autriche, qui pilote désormais ce délicat dossier, a assuré lors d'une conférence de presse que « les travaux (avaient) vraiment bien avancé ». Les onze pays concernés (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Estonie, France, Grèce, Italie, Portugal, Slovaquie et Slovénie) ont repris leurs travaux cette année, alors que le dossier, ouvert en 2011, était au point mort.

M. Sapin n'a pas voulu s'avancer sur la date d'un accord : « Est-ce qu'on va décider en juin ou en juillet ? C'est (au ministre autrichien) de voir ». Le ministre français a toutefois appelé à « maintenir le consensus ». Selon M. Sapin, les ministres des Finances des pays concernés vont devoir choisir entre « un certain nombre de propositions » et les « peaufiner ».

Deux scénarios

Selon un document de travail que l'AFP a pu consulter, les onze pays planchent sur deux scénarios, dont aucun n'est encore arrêté. D'un côté une taxe « large », frappant toutes les actions y compris étrangères, presque tous les dérivés, ces produits financiers accusés de contribuer à l'instabilité des marchés, ainsi que les transactions intra-journalières. De l'autre une taxe « medium », qui se contenterait de taxer les actions émises dans les 11 pays concernés, et prévoirait plus d'exceptions sur le type de produits et sur la nature des transactions taxées.

« Il faut que la France fasse le bon choix, cela peut être tout ou rien », prévient Alix Zuinghedau, de l'ONG Coalition Plus. Les ONG suivent de près les négociations, car le produit de cette taxe pourrait être affecté à la lutte contre le réchauffement climatique et contre les pandémies, mais aussi parce qu'elles espèrent un effet régulateur. Selon Mme Zuinghedau, là où la taxe la plus large rapporterait une trentaine de milliards d'euros par an, l'autre version, qu'elle qualifie de « TTF passoire », ne lèverait qu'entre 3 et 10 milliards d'euros.

M. Sapin a lui assuré jeudi que la France était « très déterminée à ce qu'il y ait une TTF », avec « la base la plus large possible ». Il a assuré que la France était « allante » dans ce dossier, et qu'elle avait été « accusée à tort » d'avoir fait capoter les discussions l'an dernier.