La Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim) brocarde vendredi les « élucubrations » du Conseil d'analyse économique, instance consultative rattachée aux services du Premier ministre, qui, après avoir prôné un alourdissement de la fiscalité foncière, propose des mesures coûteuses pour améliorer la politique du logement.

Remise à Matignon mercredi, une note du CAE signée par deux économistes, Alain Trannoy et Etienne Wasmer, formule dix propositions pour une politique du logement plus efficace en France. Ces recommandations ont reçu un fort écho médiatique dans la mesure où elles semblaient aller à l'encontre d'une mesure phare de la réforme du marché du logement, en débat actuellement au Parlement.

Le CAE préconise en effet d'expérimenter l'encadrement des loyers prévu dans le projet de loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (Alur) examiné au Sénat cette semaine. Très opposée à l'encadrement des loyers qui, dénonce-t-elle, fera fuir les investisseurs locatifs en réduisant le rendement de leurs placements, la Fnaim salue certes le « pavé dans la mare » lancé par le CAE, mais c'est pour mieux critiquer son raisonnement.

« Loin de nous l'idée d'encenser les travaux et les conclusions du CAE », affirme Jean-François Buet, président de la Fnaim, dans un communiqué. « D'abord, parce que la solution alternative qu'il préconise à l'encadrement et à la garantie des loyers n'est pas plus probante que celle contenue dans la loi Alur », poursuit-il.

« Pis, de l'aveu même des auteurs de l'étude (...),elle serait encore plus coûteuse pour les finances publiques ». « Nous ne cautionnerons pas non plus la pensée du CAE parce que c'est lui qui, dans une précédente étude de septembre 2013, préconisait d'imposer les propriétaires sur le loyer fictif de leur résidence principale », rappelle le patron de la Fnaim.

Dans le même rapport, le CAE rappelle d'ailleurs que « les économistes s'accordent pour considérer que, parmi tous les revenus du capital, les revenus fonciers devraient être les plus lourdement imposés : la majeure partie de ces revenus est de la rente (la rente foncière) qui peut être taxée sans effet négatif sur l'économie ».

« Ce n'est pas avec de telles élucubrations que l'on donnera des logements aux Français », conclut le président de la Fnaim, qui reproche au gouvernement de n'avoir pas pris en compte « le discours des professionnels de l'immobilier » dans la préparation de la loi Alur.