Après quatre mois de déni, Jérôme Cahuzac a avoué hier détenir un compte bancaire non-déclaré à l'étranger. Cet aveu a engendré de nombreuses réactions. Florilège des déclarations, à droite comme à gauche.

François Hollande

Par le biais d’un communiqué de l’Elysée, le président de la République a rapidement réagi aux aveux de son ancien ministre. Il a pris « acte avec grande sévérité des aveux de Jérôme Cahuzac devant les juges d'instruction concernant la détention d'un compte bancaire à l'étranger ». L'ancien ministre du Budget a « commis une impardonnable faute morale » en « niant l'existence de ce compte devant les plus hautes autorités du pays ainsi que devant la représentation nationale », a ajouté l'Elysée. François Hollande doit faire une intervention télévisée à l’issue du Conseil des ministres sur cette affaire.

Jean-Marc Ayrault

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a affirmé mardi soir avoir dit à Jérôme Cahuzac qu'il « (les) avait trahis », lui a demandé de « ne plus exercer de responsabilité politique » et a assuré qu'il n'avait « aucune raison de ne pas le croire » quand il avait démenti détenir un compte à l'étranger. Lors du 20 heures de France 2, le chef du gouvernement a affirmé : « Je ne savais rien car nous n'avions aucun élément qui pouvait nous prouver le contraire », a-t-il dit. « Bien sûr qu'à certains moments on peut avoir des doutes, des interrogations. J'en ai eu à certains moments mais je n'avais aucune autre preuve pour prouver le contraire ».

Pierre Moscovici

« Je pense que le président de la République et moi-même avons fait ce qu'il convenait de faire » a estimé ce matin le ministre de l’Economie sur RTL. « Il n'y a eu aucune complaisance, aucune volonté d'entraver la justice (...) Le président de la République a demandé tout de suite des explications à Jérôme Cahuzac quand a été ouverte une enquête préliminaire. Evidemment la justice a pu travailler en toute indépendance » a ajouté Pierre Moscovici.

Najat Vallaud-Belkacem

La porte-parole du gouvernement a déclaré que ni le président de la République ni le Premier ministre, « pas au courant bien entendu » de ce compte, « n'ont à être comptables du mensonge dans lequel s'est isolé un homme ». Elle a appelé « chacun à ne pas s'abîmer dans la récupération », car « nul n'est à l'abri d'avoir un menteur dans sa propre famille ».

Harlem Désir

Le premier secrétaire du PS a assuré que Jérôme Cahuzac s'était « exclu de fait du Parti socialiste ». « Par ses actes d'une extrême gravité, incompatibles avec les exigences de la vie politique et des mandats publics, la possession d'un compte à l'étranger pour frauder le fisc abritant des centaines de milliers d'euros, et par ses mensonges intolérables vis-à-vis du président de la République, de la représentation nationale et des Français, Jérôme Cahuzac s'est exclu de fait du Parti Socialiste », écrit Harlem Désir.

Edwy Plenel

Le co-fondateur du site internet Mediapart, qui a révélé l’affaire, a affirmé sur France Culture que « François Hollande savait exactement ce que tout le monde savait ». « Ce qui n'est pas normal en démocratie, c'est qu'un journal doive se battre pendant quatre mois pour légitimer ses informations, alors que ces informations, elles étaient là, sous les yeux de tout le monde ».

Jean-François Copé

Le président de l’UMP attaque François Hollande et Jean-Marc Ayrault. « Qui peut croire aujourd'hui que François Hollande et Jean-Marc Ayrault n'étaient au courant de rien ? », a demandé Jean-François Copé. « Il faut qu'ils s'en expliquent beaucoup plus profondément devant les Français ». Soit le président « ne savait rien et c'est quand même extrêmement grave, parce que cela signifie que lui-même fait preuve d'une certaine candeur, soit il savait et ça veut dire qu'il a menti aux Français ».

Bernard Accoyer

L'ancien président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP), a exigé mardi, dans une déclaration à l'AFP, « des excuses publiques » du Premier ministre Jean-Marc Ayrault sur l'affaire Cahuzac dès mercredi, lors de la séance des questions au gouvernement.

Laurent Wauquiez

Le vice-président de l’UMP, Laurent Wauquiez, a estimé mercredi que Jérôme Cahuzac, un « personnage sulfureux », n'aurait jamais dû être chargé du Budget au gouvernement sans « vérifications » préalables, évoquant une « faillite des valeurs de la gauche ». « Il est pour moi le symbole d'une crise très profonde des valeurs de la gauche », « l'incarnation symbolique de l'immense écart entre le discours de la gauche et la réalité de ce qu'elle fait ».

Claude Goasguen

« Le problème n'est pas le mensonge, qui est une affaire personnelle de M. Cahuzac et qui aggrave son cas, le problème ce sont des dysfonctionnements très graves de l'Etat, censé savoir qui fraude le fisc, qui doivent être sanctionnés. M. Moscovici doit démissionner dans les plus brefs délais, sinon nous aurons une poussée de populisme », a déclaré ce député UMP dans les couloirs de l'Assemblée nationale.

Marine Le Pen

La présidente du Front national a demandé la démission du gouvernement et la dissolution de l’Assemblée nationale. « Quand on arrive à une telle situation de fracture, il faut que le peuple puisse s'exprimer », a poursuivi Marine Le Pen. « Il faut qu'ils vident en quelque sorte l'abcès par de nouvelles élections ».