Les salariés de la Banque de France ont observé mardi une grève nationale et manifesté devant leur siège à Paris où un rapport d'expertise déplorant le manque d'« ambition » d'un plan de restructuration de l'établissement était présenté devant le comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire.

L'institution, qui emploie 14.000 personnes, avait annoncé en décembre son intention de supprimer 2.500 postes nets d'ici à 2020 (5.000 départs en retraite non renouvelés, et 2.500 embauches). La grève est suivie par moins de 30% du personnel, selon les chiffres quasi-définitifs fournis par la direction à la mi-journée.

Dans ses conclusions, le rapport d'expertise du cabinet Secafi relève en positif "la présentation d'une vision stratégique à moyen long terme" de la Banque de France. Mais tempère-t-il, le projet de Plan de Sauvegarde de l'Emploi (PSE) dans son ensemble "est plus marqué par une logique de repli en bon ordre face à une pyramide des âges qui va conduire à de très nombreux départs que par la volonté de présenter une ambition pour l'avenir de la Banque de France". "Or l'affirmation d'un projet ou d'une ambition est essentielle pour donner du sens au travail et motiver les salariés de toute entreprise", précise le rapport.

Le cabinet d'expert juge, en outre que "les challenges auxquels ont à faire face les acteurs privés et publics dans la phase de crise aiguë que nous traversons donnent une responsabilité particulière à un établissement de l'importance de la Banque de France".

Ce rapport estime que trois points en particulier posent problème : l'absence de chiffrage économique global du projet, qui va donner lieu à des investissements importants, dont plus de 300 millions d'euros pour le seul volet fiduciaire. Il juge également que "l'évaluation de l'impact social manque de précision" et que le projet "manque de vision métier, laissant prise à l'impression que la volonté de réduire le maillage (du territoire) a primé sur la recherche de solutions adaptés aux besoins".

La direction souligne, pour sa part, que le projet de restructuration qui doit intervenir d'ici 2012 a été présenté très en amont car c'est "un projet ouvert qu'on doit faire ensemble dans une logique de concertation". Le rapport du cabinet Secafi est un rapport constructif qui constitue une bonne base de discussion et de dialogue", a ajouté la directrice de la communication, Corinne Dromer.