Interrogé mercredi par RTL sur le taux de 75% qu'il veut imposer aux revenus supérieurs à 1 million d'euros par an, François Hollande, candidat PS à la présidentielle, a affirmé que la crise appelait des mesures « exceptionnelles ».

Ce taux sera-t-il durable ? « Le temps de la crise appelle des mesures qui doivent être exceptionnelles. Après, nous verrons bien », a répondu le député de Corrèze. Relancé ensuite sur le caractère « exceptionnel » de cette taxe, il a expliqué : « elle est exceptionnelle parce que les revenus sont exceptionnels, parce que le moment est exceptionnel, mais elle sera durable parce que je veux qu'un signe soit envoyé très clairement aux assemblées générales d'actionnaires et aux dirigeants d'enteprise, qu'ils ne peuvent pas se rémunérer à des niveaux aussi exceptionnels ».

« Question de moralisation »

Auparavant, François Hollande avait précisé qu'il s'agissait des foyers fiscaux et non pas de parts fiscales. Selon lui, ce taux touchera de 3.000 à 3.500 foyers. « Ce n'est pas une question de rendement » puisqu'il devrait rapporter à l'Etat « de 200 à 300 millions d'euros », « c'est une question de moralisation ».

Le candidat socialiste juge « normal que le talent, la réussite, l'engagement, la direction d'une entreprise puissent justifier des revenus élevés ». Mais « avoir appris que les patrons du CAC 40 aient pu s'accorder 34% d'augmentation en 2010 pour atteindre des revenus moyens de plus de 2 millions d'euros », c'est « contestable sur le plan des principes » et aussi « de la bonne gestion d'une entreprise ».

Il a toutefois distingué secteur public et privé. Pour le secteur public, l'écart des rémunérations doit être limité « de 1 à 20 ». Dans le secteur privé, où les rémunérations sont soumises à la « libre décision des actionnaires », « il n'y a que l'arme fiscale », car « toutes les recommandations » de modération salariale « sont restées lettre morte ».

Le « taux Fouquet's »

Redirait-il comme il l'avait dit en 2006 « je n'aime pas les riches » ? « On a besoin d'hommes et de femmes qui investissent s'engagent, créent, ils peuvent créer du travail pour les autres, ce n'est pas cette richesse-là que je mets en cause, c'est une richesse indécente, scandaleuse que je dénonce, qui ne récompense pas le travail, le talent, le mérite, mais seulement la position ».

« Sur les 10 dernières années, il y a eu des avantages fiscaux sur les revenus qui représentent plus de 500.000 euros. Cela a abouti à accorder un treizième mois aux plus favorisés ! », a-t-il dénoncé. Est-ce « le taux Fouquet's », comme le titre Libération mercredi, à propos des patrons du CAC 40 réunis dans ce restaurant pour la victoire de M. Sarkozy en 2007 ? « Oui, un certain nombre sont concernés. Mais je ne veux pas les viser parce qu'ils étaient avec Nicolas Sarkozy, ce serait une mauvaise manoeuvre. Je les regarde comme des responsables qui doivent faire attention lorsqu'ils se rémunèrent eux-mêmes ».