Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), plaide pour une amélioration du système bancaire s'appuyant sur une distinction claire des métiers de dépôt et d'investissement.

Dans un entretien à l'hebdomadaire Challenge, l'ex ministre de l'Economie soutient l'idée de scinder en deux les activités des banques, « compte tenu des travaux du Fonds qui ont mis en avant le rôle des banques comme catalyseur et accélérateur de crise ». Elle juge ce projet « légitime », « à la lumière de ce qu’on a vécu depuis trois ans ». « Il y a probablement à améliorer le modèle dit universel, qui présentait tant de vertus, pour segmenter la partie où les avoirs des déposants sont garantis de la partie activité pour compte propre, qui doit relever du risque de la banque ».

Grèce : pas avant 2020

Concernant le rôle des banques dans la crise des dettes souveraines en Europe, notamment en Grèce, elle se félicite que les négociateurs des banques « aient accepté de renoncer volontairement à 50% de leurs créances sur le pays ». « Les banques doivent accepter de prendre leur perte au passage, elles ont probablement déjà gagné beaucoup d’argent sur la dette grecque », ajoute la directrice du FMI.

« En l’état de nos prévisions, la Grèce ne tiendra pas sur ses deux jambes toute seule avant 2020 ». Malgré un « gros effort » pour diminuer leur déficit de 5 points de PIB en un an, les Grecs « n’ont pas encore engagé toutes les réformes de fond nécessaires pour retrouver le chemin de la croissance », estime l'ancienne ministre de l'économie.

Italie : « un énorme sac de pierre sur le dos »

Quant à l'Italie, « c’est un énorme sac de pierres sur le dos », souligne-t-elle, rappelant que sa dette correspond à 120% du PIB. « En même temps, c’est le pays qui va arriver le premier à un excédent primaire, dès 2012 ». Mais, selon elle, « la perception de lenteur » dans la mise en oeuvre des réformes « n’améliore pas la confiance ». « Ce que l’on a entendu du président du Conseil italien au sommet de la zone euro était plutôt rassurant », ajoute-t-elle toutefois.

Enfin, interrogée sur l'éventualité de confier à l'ex président de la BCE Jean-Claude Trichet un ministère européen des Finances, elle déclare: « il va sans dire que M. Trichet a un réservoir de compétence, de talent, d’expérience, de sagesse qu’il serait dommage de laisser sur le bord du chemin en imaginant qu’il irait pêcher à Saint-Malo ».