L'agence de notation Moody's Investors Service a abaissé jeudi de deux crans la note de Chypre, un pays de la zone euro, dont elle relève la dégradation "structurelle" des finances publiques, l'exposition du secteur bancaire à la Grèce et le manque de compétitivité de l'économie.

L'île méditerranéenne, qui bénéficiait jusqu'ici d'un « Aa3 » (la quatrième meilleure note possible dans la classification de Moody's), est désormais notée « A2 », selon un communiqué diffusé par l'agence. Cette décision était relativement attendue depuis que Moody's avait placé le pays sous surveillance à la mi-janvier. La nouvelle note est dotée d'une perspective « stable », ce qui implique qu'aucune modification, dans un sens ou dans un autre, n'est prévue à moyen terme.

Dans son analyse, Moody's a pris en compte la dégradation des finances publiques du pays depuis le déclenchement de la crise. Elle estime que cette évolution tient « largement » à des facteurs structurels, puisque salaires et transferts sociaux représentent les deux tiers des dépenses de l'Etat.

« En l'absence de réformes structurelles dans ces domaines, Moody's estime qu'il sera très difficile de parvenir à une réduction du déficit à long terme et de la dette ». L'augmentation des recettes fiscales ne devrait pas suivre l'augmentation des dépenses sociales, d'autant que le gouvernement chypriote reste désireux de maintenir un taux d'imposition bas, note-t-elle.

L'agence de notation est aussi préoccupée par l'importance des prêts du secteur bancaire, qui représentent 925% du produit intérieur brut du pays. En outre, celui-ci est massivement exposé à la Grèce voisine: plus de 40% des prêts des trois plus grandes banques du pays ont été consentis à des emprunteurs grecs.

La perte de compétitivité internationale du pays a été un facteur moindre dans la décision de Moody's, qui relève toutefois que les augmentations de salaires ont été ces dernières années supérieures aux gains de productivité.

Nouvelle dégradation ou amélioration

Moody's n'exclut pas à plus long terme d'avoir à abaisser de nouveau la note du pays si l'exposition des banques à la Grèce devait encore s'accroître, si les dépenses sociales devaient accélérer ou si le déficit des transactions courantes du pays devait s'aggraver. Une amélioration dans ces trois secteurs pourrait au contraire pousser l'agence à revoir à la hausse sa note.