Hier, les ministres des finances des pays de la zone euro ont entériné la décision d’un plan de sauvetage de la Grèce, s’élevant au total à 110 milliards d’euros. Suite à cette décision, la BCE a décidé ce matin d’accepter désormais les titres de la dette grecque en garantie de ses prêts, quelle que soit leur notation financière.

Validé hier à Bruxelles, ce plan d’aide, sans précédent dans le monde par son ampleur, a pour objectif d’éviter la faillite à la Grèce, surendettée et prise dans une tourmente financière depuis le début de l’année. Ce plan de sauvetage commun à l’UE et au FMI vise également à éviter une contagion de la crise à d’autres pays de la zone euro comme le Portugal ou l’Espagne, en calmant l’inquiétude sur les marchés financiers.

45 milliards d’euros d’aide pour la Grèce dès 2010

"Nous avons décidé aujourd'hui d'activer le plan de soutien" en faveur de la Grèce, a déclaré le chef de file des ministres de la zone euro Jean-Claude Juncker. Il a précisé que cette aide de 110 milliards d’euros sera mise à disposition de la Grèce pendant trois ans, « les Etats de la zone euro contribuant à hauteur de 80 milliards d'euros, dont 30 milliards d'euros au cours de la première année" 2010. Ces 110 milliards d’euros seront prêtés à la Grèce pour un taux d’intérêt fixe de 5%. La France y contribuera à hauteur de 16,8 milliards d'euros, dont 3,9 milliards dès cette année.

De son côté, le FMI devrait approuver officiellement sa participation de 30 milliards d’euros « dans la semaine », selon son directeur général Dominique Strauss-Kahn.

Dès cette année, la Grèce percevra donc 45 milliards d’euros de prêts, les premiers versements intervenant d’ici au 19 mai. Des fonds indispensables puisque la Grèce, endettée à hauteur de 300 milliards d’euros, n’est plus en mesure d’emprunter sur les marchés financiers qui lui proposent des taux d’intérêt de près de 9%.

Le 7 mai prochain, les chefs d’Etat de la zone euro se réuniront en sommet extraordinaire afin de « boucler la procédure » et « tirer les premières leçons » de la crise. Mais ils ne reviendront pas sur le feu vert donné par leurs ministres, a précisé Jean-Claude Huncker.

En contrepartie de ce plan d’aide, la Grèce surendettée devra mettre en place des mesures d’austérité, visant à réaliser des économies de 30 milliards d’euros afin de ramener l’abyssal déficit public de la Grèce sous les 3% du PIB, limite autorisée par le pacte de stabilité de la zone Euro. Ces mesures impliquent de douloureux sacrifices pour la population, comme par exemple la suppression des 13e et du 14e mois pour certains fonctionnaires, l’augmentation de deux points (de 21% à 23%) de la TVA ou le recul de l'âge de départ à la retraite.

Mesure inédite de la BCE pour soulager les banques engagées en Grèce

Prenant en compte la validation de ce plan d’aide de l’Europe et des mesures d’économies à laquelle s’est engagé la Grèce, la Banque Centrale Européenne a annoncé ce lundi qu’elle accepterait les titres de la dette grecque en garantie de ses prêts, quelle que soit leur notation financière. Absolument inédite dans l’histoire de l’institution, cette mesure devrait permettre aux banques possédant des obligations grecques, de continuer à obtenir du crédit auprès de la BCE, même si leur note financière a été dégradée par les agences de notation financière.

En janvier dernier, le président de la BCE Jean-Claude Trichet avait pourtant exclu tout recours à cette exception pour aider un pays en particulier.