La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé lundi le lancement d'une opération spéciale d'absorption de liquidités visant à neutraliser l'effet potentiellement inflationniste de ses achats d'obligations d'Etat.

La BCE veut retirer du circuit monétaire l'équivalent de 16,5 milliards d'euros, qui correspond au montant de ses achats d'obligations bouclés la semaine dernière, a-t-elle précisé dans un communiqué aux marchés. L'institution a brisé un tabou en décidant il y a une semaine d'acheter des titres de dette de pays en grosse difficulté budgétaire, comme la Grèce mais aussi l'Espagne et le Portugal, afin de faire barrage à la spéculation et leur permettre d'emprunter sur le marché à des conditions supportables.

Son président Jean-Claude Trichet a maintes fois redit depuis que la BCE n'allait pas pour autant « faire marcher la planche à billet ». Les liquidités injectées seront retirées afin d'éviter tout risque inflationniste. Dans le détail, la BCE va réaliser mardi une opération d'absorption de dépôts à terme à échéance fixe, à taux variable, et d'une durée d'une semaine. Le taux maximum est de 1%.

Elle est appelée à être la première d'une série d'opérations hebdomadaires, « étant donné le fait que la BCE a indiqué son intention de garder les obligations qu'elle a acheté jusqu'à leur expiration », estime Luca Cazzulani, économiste chez UniCredit. La banque centrale a d'ailleurs précisé aussi qu'elle entend lancer une nouvelle opération de ce type la semaine prochaine. Aucun détail n'a été dévoilé sur la ventilation par pays des achats de l'institution, et sur l'échéance des titres acquis.

16,5 milliards « sans doute suffisant » pour stabiliser le marché selon un économiste

Pour l'économiste, le montant de 16,5 milliards était sans doute suffisant pour stabiliser le marché, mais il évalue à 70 milliards le montant supplémentaire devant être investi afin d'atteindre environ 10% de la dette totale des quatre pays les plus en difficultés: Grèce, Portugal, Espagne et Irlande.

« Le succès de l'opération est assez incertain, mais cela n'est pas très grave: 16,5 milliards d'euros est une très petite part des liquidités excessives actuellement sur le marché », estime Cedric Thellier de Natixis. Il y a une semaine, elle avait absorbé une montant massif de 319 milliards d'euros de liquidités via une opération rapide.

La BCE, dont l'indépendance vis à vis des pouvoirs politiques a été remise en question, veut « être aussi transparente que possible concernant cette décision historique d'acheter des obligations publiques, afin d'être crédible quand elle dit que la politique monétaire ne sera pas affectée », estime l'expert.