Mesure phare de la politique économique de Nicolas Sarkozy, le bouclier fiscal a fait l’objet depuis le début de la semaine de nombreuses critiques dans les rangs de la majorité. Hier, le chef de l'Etat a toutefois confirmé qu’il n’avait pas l’intention de l'abroger.

En 2009, ce dispositif fiscal, qui plafonne à 50% de leurs revenus les impôts des Français les plus riches, a profité à 16.500 contribuables pour un montant total de 586 millions d'euros, selon les chiffres fournis ce matin par la ministre de l’économie, Christine Lagarde. En 2008, 19.000 contribuables avaient déjà bénéficié de la mesure. « Parmi eux, 1.000 ont reçu un chèque de 337.240 euros en moyenne dont 100 ont reçu chacun en moyenne 1,154 million d'euros » a rappelé le Syndicat national unifié des impôts (Snui) dans un communiqué.

Les critiques fusent à droite et à gauche

Premier à ouvrir le feu des critiques à droite, Alain Juppé a suggéré mardi sur France Info de revenir sur le dispositif : « Il faut s'interroger sur ce qu'on appelle le bouclier fiscal parce que les choses ont changé, la crise est venue », a déclaré l’ancien premier ministre, constatant qu’« aujourd'hui, une petite minorité de très riches ne cesse de s'enrichir »

Hier, dans les couloirs de l’assemblée nationale, plusieurs élus de la majorité ont également remis en cause cette mesure, jugeant que le bouclier était le reflet d’une position difficilement tenable dans le contexte économique actuel. Ainsi, Jacques Mayard a déclaré qu’il fallait « absolument réconcilier l'efficacité économique avec la justice fiscale et arrêter de traîner le boulet polémique du bouclier fiscal ». Treize députés UMP ont annoncé mercredi qu'ils allaient demander la suspension du bouclier fiscal dans une proposition de loi.

L’actuel ministre du budget, François Barouin, a quant à lui défendu le maintien du bouclier fiscal à 50%, estimant qu’il était un « bon principe d’équité fiscale ».

Dans l’opposition, plusieurs personnalités se sont exprimées sur le sujet ces derniers jours, réaffirmant leur désaccord avec cette mesure. François Hollande a demandé la fin du bouclier fiscal, au nom du même principe d’équité. Ségolène Royal a quant à elle déclaré que « quand les plus riches échappent à l'impôt, c'est quelque chose qui est de plus en plus mal supporté et la droite va finir par céder à la pression de l'opinion publique ».

Enfin, le groupe socialiste à l'assemblée nationale a annoncé hier qu’il déposerait une proposition de loi demandant l'abrogation du bouclier fiscal. Cette proposition sera discutée le 20 mai lors de la journée d’initiative parlementaire du groupe.

Sarkozy inflexible

Répondant aux critiques de l’opposition mais surtout de son propre camp, le président de la république Nicolas Sarkozy a fait savoir par l’intermédiaire de Luc Chatel, qu’il resterait sur ses positions. « Le président de la République a eu l'occasion de rappeler ces derniers jours qu'il ne reviendrait pas sur le bouclier fiscal », a affirmé hier le porte-parole du gouvernement dans son compte-rendu du conseil des ministres.

Nicolas Sarkozy a évoqué le bouclier fiscal lors d'une réunion à huis-clos avec des députés UMP, hier à l’Elysée, annonçant que si un débat sur la fiscalité devait s’engager, il le sera selon un calendrier fixé par le gouvernement. Mais le président ne n’est pas exprimé publiquement sur le sujet.