5,4% d'inflation, sur un an, dès le mois de juin 2022, et plus de 6% sur les produits alimentaires : les prévisions de l'Insee publiées ce lundi 9 mai confirment la forte hausse des prix à la consommation. Et elle ne va pas franchement ralentir, même si l'envolée des tarifs de l'énergie devrait s'atténuer.

+69% ! Cette hausse affolante tirée des prévisions conjoncturelles de l'Insee n'est pas la prévision de l'inflation 2022 ! Mais ce pourcentage illustre parfaitement les causes de l'actuelle flambée des prix dans les boulangeries et dans les étales des supermarchés. Il s'agit du prix de production industriels des céréales : cela signifie qu'en un an, de mars 2021 à mars 2022, le tarif des céréales en « sortie de ferme » a bondi de 69%. En cause : principalement « le contexte de la guerre en Ukraine », souligne l'Insee dans une étude publiée ce lundi. L'ensemble des prix agricoles à la production, en « sortie d'usine », à leur entrée sur le marché avant transformation, a grimpé de 27% sur un an. S'ajoute à cette flambée de la matière première agricole la hausse des prix de l'énergie et des transport, depuis le début de la pandémie de Covid-19, et voici les deux principaux ingrédients expliquant que les prix augmentent si vite en 2022.

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Malheureusement pour les consommateurs, l'Insee ne livre pas vraiment de signaux optimistes pour les prochains mois, même si son étude trimestrielle se limite à des prévisions sur le 2ème trimestre 2022. Le dernier indice définitif des prix à la consommation est celui de mars 2022, à 4,5% sur un an. En avril, l'Insee anticipe une inflation de 4,8%, puis prévoit du 5,2% en mai et 5,4% en juin. Pas de ralentissement en vue. Même si l'Insee reconnaît que l'évolution de la suite de l'année 2022 est bien difficile à prévoir « de manière précise », la faute à un contexte international très incertain à cause des « développements géopolitiques autour de la Russie ».

L'Insee chiffre au passage l'impact des mesures de « bouclier tarifaire » sur les prix du gaz et de l'électricité conjuguées à la « remise à la pompe » sur les prix de l'essence : sans ces mesures antii-inflation, « la prévision pour mai serait rehaussée d'environ 2 points de pourcentage et dépasserait donc 7% ».

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Après la flambée de l'énergie... celle des prix alimentaires

« Une partie du scénario [de la fin 2022] dépendra du prix de l'énergie », juge d'emblée Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l'Insee. Et si, sur la seconde partie de l'année 2022, l'inflation n'était plus poussée par les prix de l'énergie mais mais par celle des produits alimentaires ? Interrogé sur le point lors du point presse de l'Insee, Julien Pouget n'exclut pas ce scénario : « C'est possible si les prix du pétrole redescendent. »

« Du côté des prix alimentaires, nous pouvons avoir la poursuite d'une accélération », ajoute Julien Pouget. L'Insee prévoit une hausse de 6,3% des prix alimentaires en juin 2022 par rapport à juin 2021, alors que cette hausse n'est actuellement « que » de 2,9% en mars et de 3,8% en avril. Or, dans les savants calculs de l'Insee pour jauger l'inflation, le poids de l'alimentaire est supérieur à celui de l'énergie. L'accélération des prix des l'énergie sera en partie « compensée » par un ralentissement de la hausse des tarifs énergétiques : de +29,2% sur un an en mars, l'inflation de l'énergie devrait ralentir à +26% sur un an en juin selon l'Insee.

Au deuxième trimestre, l'Insee anticipe une baisse du pouvoir d'achat des ménages français de 0,5%, laquelle fait suite à une érosion du pouvoir d'achat de 1,5% sur les trois premiers mois de l'année 2022.

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Epargne : le pactole des confinements ne va pas dégonfler

Les Français ne cachent pas leur inquiétude. Cela se traduit dans toutes les études de l'Insee. Et ceux qui ont la possibilité de mettre de l'argent de côté continuent de le faire à un niveau relativement constant depuis le début de la pandémie de Covid-19.

« La confiance des ménages s'est nettement dégradée depuis le début de la guerre en Ukraine », rappelle l'Insee. Ce qui a eu un double effet, amplifiant deux tendances déjà à l'œuvre depuis le début de la pandémie : les Français repoussent leurs achats importants... et jugent que « c'est le moment d'épargner ». Mettre de l'argent de côté en cas de coup dur. L'Insee mesure un indicateur d'oppotunité d'épargne qui devrait légèrement baisser dans les prochains mois... mais qui reste bien plus élevé qu'avant la pandémie.

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