La piste d’une réforme des retraites « éclair », avec un passage de l'âge de départ à 64 ans voté d’ici la fin de l’année, est sur la table. Mais Emmanuel Macron osera-t-il mettre en place une mesure aussi impopulaire à quelques mois de la présidentielle ?

Après les mauvais résultats des élections régionales et départementales pour la majorité, la suspension de la réforme sur l'assurance chômage par le Conseil d'État censée s’appliquer dès le 1er juillet, le chef de l’Etat veut avancer. Et très vite.

Selon les informations publiées ce lundi par Les Echos, une partie de son entourage ou encore le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, lui suggèrent de frapper fort avec la mise en place de la retraite à 64 ans. La réforme des retraites qui avait été suspendue avec la crise sanitaire pourrait donc refaire son apparition avant la fin du mandat d’Emmanuel Macron. Cette mesure choc pourrait être votée dès cet automne à l’occasion de l’examen du budget 2022 de la Sécurité sociale pour une mise en application après le scrutin présidentiel.

Couper l'herbe sous le pied de la droite

« Si le président est classique, il sera battu », estime un ministre pour justifier d’un possible lancement de cette réforme si impopulaire à la fin de son mandat. « Mais ce serait une façon de couper l'herbe sous le pied d'une droite ragaillardie par les régionales et de renouer avec l'ADN transformateur d'Emmanuel Macron », expliquent Les Echos.

Concrètement, « la première génération concernée, née en 1961, basculerait en 2022-2023, avec un âge d'ouverture des droits de 62 ans et demi. Les trois générations suivantes prendraient ainsi six mois de plus chacune. Les natifs de 1964 fermeraient la marche et partiraient à 64 ans en 2028-2029 », explique le quotidien. A la clef, 14 milliards d’euros d’économies en 2026. Mais les exemptions et départs anticipés pour carrière longue, invalidité, etc., diminueraient les économies projetées de plusieurs milliards d’euros.

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Rien n’est encore joué. Ce scénario de retraite à 64 ans est une des pistes qui figure sur la liste des réformes que pourrait se décider à mener le chef de l’Etat d’ici la fin de son mandat. « Rien n'a été arbitré définitivement, mais [le dossier des retraites] est revenu au-dessus de la pile, et il est en phase d'affinement », soulignent Les Echos. Début juin, le président de la République indiquait que la réforme des retraites initialement prévue ne pourrait être reprise « en l'état » mais il prévenait qu'il n'hésiterait pas à prendre des décisions « difficiles » d'ici 2022.

Une réforme cet automne ou l'année prochaine ?

Mercredi, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a indiqué que se tiendrait un sommet social, « la semaine prochaine » avec les partenaires sociaux. Les retraites, selon lui, pourront faire partie de l'agenda, un dossier dans lequel « il y aura des choix à faire », a-t-il estimé, en rappelant qu'une réforme des retraites était un « engagement » du candidat Macron lors de la campagne présidentielle de 2017. Il a fait valoir que la situation financière du système de retraites « s'est dégradée » et qu'« on ne peut pas dire que la crise sanitaire et les difficultés économiques qui en découlent (l')aient particulièrement améliorée ». Dans tous les cas, « il y aura une réforme des retraites. La question n'est pas si, mais quand, à savoir à l'automne ou l'année prochaine. »