Durement critiqué par la Cour des comptes, le Fonds de réserve des retraites (FRR) a décidé d'accroître ses investissements dans les pays émergents après une année 2010 "bonne" au cours de laquelle il a accru la valeur de ses actifs.

Fin décembre, les actifs du FRR s'élevaient à 37,5 milliards d'euros contre 35,0 milliards d'euros fin 2009, soit un rendement de 2,5 milliards d'euros en un an. En pourcentage, la progression est de 4,2%, dont 3,2% réalisés par le seul portefeuille actions.

« 2010 a été une bonne année, nous avons atteint un niveau jamais-vu auparavant », a commenté Yves Chevalier, membre du directoire lors d'une conférence de presse à Paris.

Dix ans après sa création, le FRR a choisi de réorienter sa stratégie en matière de placement: le portefeuille dit de « couverture » -actifs qui ne font pas l'objet de stratégie risquée - va représenter désormais 61,2% des actifs net du Fonds, et celui dit de « performance » (actions, obligations, matières premières, immobilier...) 38,8%.

Le portefeuille de « couverture » va ainsi garantir les 14 versements annuels de 2,1 milliards d'euros à la Caisse d'amortissement de la dette sociale (Cades) à partir de cette année jusqu'en 2024.

Diversification dans les pays émergents

Pour dégager plus de rentabilité, le FRR va intensifier sa diversification en investissant « au moins dans une quinzaine de pays » émergents, dont les économies sont en forte croissance.

Pour ce faire, il va réduire ses investissements dans les pays de la zone euro, qui constituaient 60% des actifs de son portefeuille « performance » jusqu'ici. La part des actions en zone euro devrait être ramenée de 30,3% au 31 décembre 2010 à 18,4% (actions) d'ici 2012. A l'inverse, la part des actions détenues dans les économies émergentes devrait augmenter de 2,4% à 5,1% sur la même période, tandis que le FRR va quadrupler ses investissements dans les obligations de ces pays, de 1,2% à 5,9%.

Ces investissements se feront notamment par des acquisitions d'actions, souligne le FRR, qui a mis en place un comité stratégique d'investissement chargé d'examiner la tendance du marché.

Exposition limitée

Le Fonds public a par ailleurs tenu à préciser qu'il avait une exposition limitée aux dettes des pays dits « périphériques » (Grèce, Espagne, Portugal, Irlande et Italie) de la zone euro, dont les finances publiques sont exsangues. Au total, le FRR a une exposition à hauteur de 4,33 milliards d'euros.

Sur les critiques de la Cour des Comptes, le FRR estime que celle-ci a exprimé « de manière nuancée une déception après une crise financière historique et dans un contexte de crise durable des finances publiques ». Les Sages jugent que la refonte décidée en 2010 du FRR risque de le conduire à l'« échec », l'Etat lui ayant attribué de trop faibles dotations.

Créé en 1999 par le gouvernement socialiste de Lionel Jospin, le FRR avait pour objectif initial de constituer une réserve financière de 150 milliards d'euros pour contribuer à partir de 2020 au financement des déficits des régimes de retraite. Ce fonds d'investissement public devait être abondé régulièrement et placer ses actifs sur les marchés financiers.