Etre propriétaire d’un cheval de course, c’est en théorie possible. Mais avant de se lancer, gare aux multiples frais à régler. Et mieux vaut être très patient et prendre cet achat plus comme un investissement passion que comme une martingale.

« Les courses, vous le savez, c’est ma grande passion », disait le regretté Omar Sharif. Si c’est aussi la vôtre, investir dans un cheval de course n’est pas réservé seulement aux grandes fortunes dont les poulains écument les courses les plus médiatisées et les plus prestigieuses comme le prix de l’Arc de Triomphe, le prix Diane ou le prix d’Amérique. L’amateur moins fortuné peut tenter sa chance sur les courses qui génèrent 10 milliards d’euros par an de mises. A partir de quelques milliers d’euros, il est possible de tenter sa chance dans cet univers, tout en sachant bien qu’il vaut mieux n'investir dans cette passion que l’épargne dont vous n’avez pas réellement besoin. C'est un marché sur lequel il faut être très patient. « C'est difficile de promouvoir cela comme un investissement. Maintenant, il est vrai que de plus en plus d'investisseurs considèrent les chevaux comme une classe d'actifs à part entière, mais très risquée, et mobilisent donc une petite partie de leur portefeuille seulement », explique à MoneyVox Clément Porcher, responsable développement international chez France Galop, association qui organise et contrôle la filière des courses de galop dans l'Hexagone.

Comment devenir propriétaire d’un cheval de course

Vous pouvez faire un achat en solo en étant l’unique propriétaire du cheval en vous adressant à des vendeurs professionnels, éleveurs ou courtiers, ce qui vous permet de bénéficier des protections prévues par le code de la consommation. Il est possible aussi de s’associer avec des proches pour réaliser l’achat en commun. Vous pouvez ainsi créer une société qui sera propriétaire du cheval : l’associé qui souhaite se retirer n’aura qu’à vendre ses parts sociales à ses associés. La mise de départ n’est pas inaccessible, surtout à plusieurs : avec une somme de 6 000 à 30 000 euros, vous pouvez devenir propriétaire d’un cheval prêt à courir. Lorsque vous achetez à plusieurs, vous pouvez saisir cette opportunité pour viser un prix plus élevé et choisir un beau pur-sang.

Comme tout nouveau propriétaire, vous serez l’objet d’une enquête de moralité pour vérifier que vos capacités financières vous permettent d’assumer l’entretien de l’animal. il faut ainsi justifier d'un revenu de 75 000 euros par an si le cheval est entraîné en Ile-de-France ou 30 000 euros en régions. Au plus tard dans les trente jours suivants la vente, vous devez faire enregistrer le changement de propriétaire auprès du SIRE, Système d’information relatif aux équidés, dont l’organisation et la gestion sont confiés à l’IFCE, l’institut français du cheval et de l’équitation.

Vous recevrez une carte d’immatriculation attestant de la réalisation de cette formalité. Une fois le cheval acheté, reste à lui faire suivre un entrainement qui ne s’improvise pas. Le recours à un entraîneur professionnel disposant d’une autorisation d’entraîner s’impose.

Vous pouvez conclure avec ce professionnel un contrat d’entrainement qui comprend deux prestations : le contrat de pension, donc du lieu où sera hébergé votre cheval et le contrat d’entrainement proprement dit. A ces frais s’ajoutent les frais de vétérinaire, de maréchal-ferrant, de déplacements sur l’hippodrome... « La signature d’un contrat entre le propriétaire et l’entraineur n’est pas obligatoire et donc pas systématique. Cela reste à la discrétion des intéressés », détaille Clément Porcher. Vous pouvez également conclure un contrat de location d’un cheval de course avec un autre propriétaire : cela vous permettra d’entrer en douceur dans l’investissement, sans avoir à financer le prix d’acquisition.

« La moyenne nationale du coût de pension mensuel en France est de 1 641 euros, soit 19 692 euros par an. Ce coût de pension mensuel peut aussi être mutualisé : par exemple pour un cheval détenu par 10 propriétaires dans le cadre d’une écurie de groupe, il sera divisé par 10 », explique France Galop.

Un investissement particulièrement risqué réservé aux passionnés

D’ou viennent les sources de gains quand on investit dans l’acquisition d’un cheval de course ? C’est France Galop qui accorde les agréments aux propriétaires souhaitant faire concourir un cheval, et qui est en charge de verser les gains aux propriétaires des chevaux.

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Quand le cheval remporte une course ou est placé parmi les cinq premiers, le propriétaire touche une allocation, plus une prime si l’animal est né et a été élevé en France. Le total de l’allocation et de la prime peut ainsi atteindre 75% des gains nets obtenus à l’issue d’une course remportée par le cheval. Pas 100%, et c’est normal, le propriétaire n’encaisse pas la totalité des gains : environ 25% est versée à l’entraîneur et au personnel d’écurie, et une partie au jockey, sans oublier un versement au titre des cotisations sociales. S’il y a pluralité de propriétaires, les gains sont répartis en fonction de la quote-part de propriété de chaque associé sur le cheval.

Les gains tirés des courses permettent en moyenne de couvrir 40 à 50% des frais engagés par le propriétaire d’un cheval de course. « Mais ce n'est qu'une moyenne, rien n'est assuré. En achetant un cheval, le propriétaire ne va pas avoir nécessairement 43% des frais payés par les courses [la moyenne indiquée par France Galop, ndlr], insiste Clément Porcher. Les bons chevaux peuvent gagner en une course l'équivalent des frais de toute l'année. A l'inverse, pour un cheval qui enchaîne les défaites, le propriétaire assumera infine 100% des frais d'entretien. Le cheval va même se dévaloriser », poursuit le responsable développement international chez France Galop.

En effet, la rentabilité d'un équidé ne se mesure pas seulement à l'aune des courses remportées. Comme tout placement, le gain peut provenir de la plus-value si le cheval est revendu plus cher que son prix d'achat initial. « Au fur et à mesure de sa carrière, s’il gagne plusieurs courses, sa valorisation va augmenter. Un cheval acheté 20 000 euros peut ainsi en valoir 50 000, 60 000 voire 80 000 euros », souligne Clément Porcher. Pour viser la plus-value, les acheteurs doivent s'orienter vers un poulain à l'aube de sa carrière, ce que les spécialistes appellent un yearling. Dans ce cas, le cheval n'est pas choisi en fonction de son palmarès mais de ses origines et de sa condition physique. L'acheteur, à défaut d'être un passionné particulièrement averti, devra se faire accompagner par un entraineur professionnel pour déceler un probable futur champion.

Une fiscalité particulière

Les gains ne sont pas imposables si le propriétaire est considéré comme amateur, se contente de confier son cheval à un entraîneur. Mais en cas de revente, le propriétaire sera imposé à l’impôt sur le revenu, au titre de la plus-value réalisée. S’il passe professionnel, c’est à dire qu’il intervient activement dans la carrière du cheval, le propriétaire verra ses gains soumis au régime des bénéfices non commerciaux. Outre les gains obtenus lors des courses remportées, le propriétaire d’un cheval de course peut également espérer le rentabiliser grâce à la reproduction. Les saillies d’un champion valent des milliers, voire des dizaines de milliers d'euros.