L'activité des fonds français de capital-investissement est restée dynamique en 2015, avec une hausse marquée des montants investis dans les entreprises, selon une étude publiée mardi par l'Association des investisseurs en capital (Afic) et le cabinet d'audit Grant Thornton.

« 2015 est un bon cru puisque l'ensemble des indicateurs sont au vert, en termes de levées de fonds, d'investissements ou même de désinvestissements », souligne Michel Chabanel, président de l'Afic lors d'une conférence de presse. L'an dernier, les investissements ont augmenté de 23% par rapport à 2015, à 10,7 milliards d'euros, « un niveau au plus haut depuis huit ans », soit avant la crise, selon cette enquête dont les données ne concernent que les acteurs français du capital-investissement (c'est-à-dire dans les entreprises non cotées), membres de l'Afic. Le nombre d'entreprises ayant bénéficié de ces fonds est quant à lui stable par rapport à 2014, avec 1.645 entreprises accompagnées, dont 78% de PME et TPE.

Les principales branches du capital-investissement affichent des résultats positifs. Les montants investis ont augmenté de 21% dans le capital-innovation (758 millions d'euros), de 48% dans le capital-développement (3,9 milliards d'euros) et de 12% dans le capital-transmission (6,1 milliards d'euros). Les secteurs traditionnels, tels que l'industrie (2,6 milliards d'euros) ou encore les services et transports (2,6 milliards également) ont le plus profité de la hausse des montants investis en 2015. Le secteur de l'informatique et du numérique est également bien placé, avec 1,8 milliard d'euros.

Baisse des levées de fonds

De leur côté, les levées de fonds ont légèrement diminué de 4%, à 9,7 milliards d'euros en 2015. Selon l'Afic, ce résultat est à mettre en lien avec une forte progression des levées de taille moyenne, alors que l'année 2015, contrairement aux deux années précédentes, n'a pas connu d'opération exceptionnelle supérieure à 1 milliard d'euros.

Au total, 77 sociétés de capital-investissement ont participé à ces levées de capitaux, avec une forte représentation des fonds de fonds. Les personnes physiques et les family offices ont vu leur part progresser dans les levées de fonds en 2015, alors que celle des compagnies d'assurance et mutuelles « se rapproche des niveaux d'avant-crise (...) mais reste insuffisante compte tenu des réserves d'épargne disponible », note l'étude.

Enfin, les désinvestissements ou sorties de fond ont baissé en 2015 par rapport à l'année 2014, de 30% à 6,5 milliards d'euros. Ces opérations ont principalement été réalisées auprès des sociétés de capital-investissement (1,9 milliard d'euros) et des industriels (1,3 milliard). Malgré cette baisse, le coût des désinvestissements reste « au-dessus de la moyenne de long terme », d'environ 4,9 milliards d'euros entre 2006 et 2014, souligne l'étude.

La France en retard sur le Royaume-Uni

« Si nous nous stabilisons autour de notre palier » de 10 milliards d'euros investis et 10 milliards d'euros levés, « nous sommes encore loin des 20 milliards d'euros investis chaque année par les Britanniques dans les entreprises non cotées », regrette le président de l'Afic, qui compte 280 membres actifs soit la quasi-totalité du capital-investissement en France.

Mais « nous sommes convaincus que nous pouvons faire beaucoup plus », ajoute-t-il, en indiquant que l'objectif de l'Afic est de « doubler de taille d'ici cinq ou six ans ». Selon lui, « la période électorale qui s'annonce devra être favorable à un meilleur fléchage de l'épargne longue et abondante des Français vers l'investissement dans l'économie réelle créatrice des emplois de demain ».