Les organismes de crédits à la consommation comme les fournisseurs d'énergie proposent des assurances affinitaires à bas prix en cas de difficultés à régler ses factures. MoneyVox a testé quatre d'entre elles et vous livre ses conseils face à de tels produits.

Lucie a perdu son emploi. Pourtant, tout sourire, elle chante debout sur son canapé, smartphone en main, les louanges de « l'Assurance Loyer Factures Oney », le spécialiste du crédit à la consommation. Grâce à ce produit d'assurance, proposé par la filiale de BPCE et Auchan, son « loyer et (ses) factures sont prises en charge jusqu'à 1 050 euros par mois pendant 1 an. » Oney n'est pas un inconnu : quand vous achetez un nouveau canapé ou un lave-vaisselle en quatre fois c’est très souvent eux. Depuis un mois, leur cheval de bataille est la prise en charge de vos factures énergétiques en cas de difficultés financières.

Sur les brochures envoyées à grand renfort d'emailing, le sourire est toujours de rigueur et deux mots s'affichent en grand : sérénité et... coup dur. « Nous savons que les sollicitations augmentent avec la fin de la trêve hivernale » qui ont empêché les expulsions et les coupures énergétiques jusqu'au 31 mai, confirme à MoneyVox le Médiateur de l’énergie. Selon le dernier rapport de l'Observatoire national de la précarité énergétique, 3,5 millions de ménages modestes ont des difficultés à payer leurs factures d'énergie en France. L’électricité et le gaz pèsent en moyenne 1 500 euros par an sur le budget des ménages. Alors que selon une récente étude de l'Insee, 22% des ménages déclarent que leurs revenus ont diminué par rapport à mars 2020 en raison de la crise économique, le potentiel commercial de ces assurances est certain. Mais qu'en est-il pour les consommateurs ?

Assurance Facture
Promotion de l'assurance facture de Oney

Des prix attractifs à partir de 2,50 euros par mois...

Chez Oney, les factures d’électricité et de gaz sont donc prises en charge pendant un an à hauteur de 250 euros chacune par mois contre la somme de 5,50 euros mensuels. Pour intégrer le loyer à la protection, il faudra débourser la somme de 13,50 euros par mois. Le logement et les factures essentielles sont ainsi couverts à hauteur de 12 600 euros par an - 1 050 euros par mois - soit une couverture annuelle potentielle de 3 000 euros pour les factures d'énergie et de 9 600 euros pour les loyers.

Cetelem, spécialiste du crédit conso, propose de son coté aux moins de 60 ans (au moment de la souscription) une assurance facture au tarif de base de 12 euros à laquelle peuvent s’ajouter des options Logement et Mobilité qui augmentent le tarif mensuel mais aussi les plafonds de couverture (de 400 à 800 euros par mois). Chez eux, la perte d'emploi n'est par contre plus prise en charge à partir de 55 ans, contre 65 ans chez Oney.

Assurance facture Cetelem
Assurance facture de chez Cetelem

Ces organismes de crédit ne sont pas seuls sur le marché. EDF et Engie proposent des services identiques à leurs clients. Coût mensuel de l'assurance énergie d’EDF, prélevée directement chaque mois sur la facture : 2,50 euros pour une personne seule ou 5 euros pour deux personnes par mois, mais sans garantie de perte d’emploi. Chez Engie la facture est de 60 euros par an pour une prise en charge dans la limite de 5 000 euros par an.

Assurance EDF
Assurance vendue par EDF

... mais des restrictions multiples

Quand on entre dans le détail des contrats, c'est la douche froide. Les exclusions, les carences ou les franchises sont légion. Décès, incapacité Totale de Travail (ITT), Perte Totale et Irréversible d'Autonomie (PTIA) ou la Perte d'Emploi (PE), avec carence, franchise ou non... les cas de figure sont aussi nombreux que les contrats. Par exemple en cas de décès, certains assureurs garantissent un soutien au conjoint survivant jusqu'à 85 ans quand d'autres limitent leur aide aux assurés de 75 ans et moins. Pour autant, l'invalidité peut encore être prise en compte.

De même, si sans surprise les démissions, les ruptures conventionnelles ou les licenciements pour faute grave sont exclus, un CDI depuis au moins 12 mois est exigé pour bénéficier des prises en charge. Il faut aussi justifier de l’absence d’arrêts de travail dans les 30 derniers jours ou d’accidents. Dans la même veine, le niveau de handicap doit être supérieur à 75%. Au moins 3 des 4 (ou 5 car Oney ajoute la continence) actes de la vie quotidienne (se laver, se vêtir, se nourrir, se déplacer) ou AVQ doivent nécessiter la présence d'un tiers pour être pris en compte.

Assurance pour les factures énergétiques
OneyCetelemEDFEngie
Prix / mois5,50 €12 €2,50 €5 €
Montant annuel garantie3 000 €4 800 €5 000 €5 000 €
Garantie perte d'emploiOui, avant 65 ans
Carence de 60 jours
Option supplémentaire jusqu'à 55 ans

Indisponible

Travailller minimum 3 mois après la date de souscription
Carence de 60 jours
LoyerOption à 8 €Option supplémentaire

Indisponible

Indisponible

ITTIncapacité de plus de 60 jours minimumIncapacité totale uniquement
Pas pour les salariés depuis moins de 12 mois
Oui
Incapacité de 30 jours minimum
Incapacité de plus de 60 jours
Jusqu'à 65 ans
Perte d'autonomie3 AVQ sur 5(1)

Indisponible

3 AVQ sur 43 AVQ sur 4

Source : Oney, Cetelem, EDF et Engie / MoneyVox juin 2021
(1) Se laver, se vêtir, se nourrir, se déplacer / Oney ajoute la continence

Par contre, l'accident ne doit ni avoir eu lieu en ULM, en deltaplane ou en parapente. Dans la liste des exclusions, on trouve aussi les fautes intentionnelles, le suicide, l'usage de stupéfiants, d'alcool et de médicaments comme élements déclencheurs du sinistre ou encore le fait que l'accident doit se dérouler en France métropolitaine. De même, Cetelem exclut les entrepreneurs les deux premières années de leur activité. Contactés par MoneyVox, ni EDF, ni Oney, ni Cetelem n'ont donné suite à nos demandes d'entretien.

« Le niveau de restrictions est extrême, souligne le juriste de la CLCV Olivier Gayraud. Ce sont des produits d’assurance inhabituels avec des notices explicatives peu claires. (...) Personne ne demande de lui-même ce type d’assurances affinitaires. Elles ne fonctionnent qu’à la sollicitation, lors d’une vente, d’un changement d’opérateur ou de fournisseur. Le prix bas et la poudre aux yeux font le reste. Par principe, les assurances affinitaires sont superflues, ce sont les extensions de garanties dont le montant reste marginal comparé à la facture totale ».

Des aides existent en cas de « coup dur »

Des aides existent sans passer par les assurances. « Nous sommes trop souvent sollicités une fois le contrat signé, lorsqu’il y a un litige, expose Caroline Keller, responsable communication du Médiateur de l’énergie. Il faut se montrer méfiant et lire les conditions avant toute signature de contrat. » Le chèque énergie, dont le montant varie de 48 à 277 euros, est distribué automatiquement en fonction des revenus déclarés au fisc. Il concerne 6 millions de ménages modestes. D’ailleurs, le Médiateur de l’énergie plaide pour en doubler la dotation. En cas d’urgence, régions, départements, métropoles ou communes proposent des aides locales. Ainsi, sous conditions de ressources, Rennes Métropole a développé pendant la crise sanitaire du coronavirus un fonds nommé SOS Loyer pour aider les familles.

A l’échelle nationale, le Médiateur de l’énergie détaille la marche à suivre pour être accompagné en cas de difficultés passagères, et ce sans recourir à des assurances d’urgence. Conseil numéro 1 : réagir vite ! Vous devez contacter rapidement votre fournisseur et essayer d'obtenir un échéancier pour étaler le paiement. Contactez ensuite les services sociaux de votre commune ou de votre département qui peuvent voir avec le correspondant solidarité-précarité du fournisseur pour négocier une facilité de paiement et vous accompagner dans vos démarches auprès des autres organismes. Néanmoins, regrette le Médiateur de l’énergie, cette étape est souvent difficile car « les fournisseurs ne jouent pas vraiment leur rôle et les passerelles sont inexistantes ».

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Comment ça se passe pour les entreprises ?

Malmenées par la crise sanitaire et économique, les entreprises peuvent-elles profiter d'avantages équivalents ? « Chez nos clients professionnels, nous sommes surtout sollicités contre les impayés des tiers, explique François-Xavier Combe, fondateur de EasyBlue qui propose des assurances aux PME. Mais l’équivalent de ces produits affinitaires proposés aux particuliers sont, chez les professionnels, des contrats de prévoyance. Et ce sont tout sauf des gadgets. Ils prennent le relais en cas d’arrêt de travail, de maladie et remboursent vos frais fixes (loyer, amortissement des outils de travail). L’entrepreneur a souvent un sentiment d’invincibilité mais parfois l’imprévisible se produit et il est important alors d’être bien couvert. » Si le prix en entrée de gamme est de 40 euros, il faut souvent dépasser la centaine d’euros mensuels pour être bien couvert.