Des parlementaires de tous bords sont invités mardi après-midi à Bercy par le gouvernement pour le premier rendez-vous destiné à préparer le budget 2023, dont l'examen au Parlement s'annonce houleux, a-t-on appris jeudi de sources parlementaires.

Les discussions se poursuivront à trois autres dates (les 15, 20 et 21 septembre) fixées aux représentants des commissions des Finances de l'Assemblée nationale et du Sénat, selon les invitations que des députés ont indiqué à l'AFP avoir reçues jeudi.

Le gouvernement entend leur présenter ses « pistes » et « arbitrages en cours », et échanger sur leurs propositions avant le débat parlementaire à l'automne, avait expliqué le ministre des Comptes publics Gabriel Attal, en lançant l'idée le week-end dernier.

« Les Dialogues de Bercy, qui se tiendront du 13 au 21 septembre, sont une démarche et une occasion inédites de travailler ensemble au service des Français », a-t-il complété jeudi soir dans une déclaration à l'AFP.

Les oppositions, sceptiques, hésitent

« Notre responsabilité collective, c'est de donner un budget au pays. Même si une partie de l'opposition a annoncé qu'elle ne laisserait aucune chance à ce projet de budget avant même de l'avoir lu, nous continuons à dialoguer », a poursuivi le ministre.

L'initiative, baptisée « Dialogues de Bercy », avait reçu un accueil froid de la part des oppositions, LR comme RN et LFI prévenant d'emblée que, quoi qu'il en soit, ils ne voteraient pas ce budget.

Mais si le RN a décliné l'invitation avant même de l'avoir formellement reçue, et que LR n'a pas encore pris de décision, les différents groupes de l'alliance de gauche Nupes à l'Assemblée ont décidé d'assister au moins au premier rendez-vous. « Je pense qu'il faut y aller, sans beaucoup d'illusions, mais il faut y aller. En fonction de comment se passera le premier rendez-vous, on verra pour la suite », a dit à l'AFP la députée socialiste Christine Pires Beaune.

Même son de cloche du côté du président de la commission des Finances Éric Coquerel (LFI), qui a indiqué qu'il s'y rendrait mais avec « beaucoup de précautions » : « Si en guise de travail de concertation, on voit qu'il n'y a pas grand-chose à discuter, si c'est de la com', on le fera savoir ».

« Pourquoi ne pas aller à la première réunion déjà ? », a glissé Véronique Louwagie (LR), soucieuse cependant de « ne pas affaiblir le Parlement qui est le lieu privilégié et démocratique du débat ».

Du côté des sénateurs, « on est en train de coordonner les positions des uns et des autres », a indiqué le rapporteur général du budget Jean-François Husson (LR), qui envisage aussi d'aller au premier rendez-vous.

Avec ces « Dialogues de Bercy », le gouvernement souhaite illustrer sa volonté d'ouverture aux propositions de l'opposition, même si de nombreux macronistes sont déjà convaincus qu'il faudra en passer par l'article 49-3 de la Constitution pour faire adopter le budget, faute de majorité absolue à l'Assemblée. Cet outil constitutionnel permet de faire adopter un texte sans vote, sauf adoption d'une motion de censure.

Outre le projet de budget, les Dialogues doivent permettre de discuter du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) et de la loi de programmation des finances publiques, un cadrage pluriannuel de la trajectoire budgétaire du pays.