Élisabeth Borne n'a pas exclu, dans un entretien au Parisien publié samedi, le recours à l'article 49-3 de la Constitution, qui permet l'adoption d'un texte sans vote sauf motion de censure, pour le budget à l'automne, car « les Français ne nous ont pas demandé l'immobilisme ».

« Nous aviserons car les Français ne nous ont pas demandé l'immobilisme », a répondu la Première ministre, interrogée sur l'hypothèse d'un 49-3 à l'occasion du projet de loi de finances (PLF).

« Je mettrai toute mon énergie pour trouver des compromis dans l'arc républicain, comme l'a demandé le Président de la République. Je n'ai pas de doutes que sur certains bancs, on restera dans l'obstruction systématique, comme on a pu le voir lors de la session extraordinaire », a développé Mme Borne.

« Je suis aussi consciente que, pour un groupe d'opposition c'est symbolique de voter un budget. Mais le cas échéant, il y a des outils dans la Constitution pour pouvoir avancer », a-t-elle ajouté.

Réagissant aux propos de Mme Borne depuis la Drôme et les journées d'été de son parti, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a prédit que le gouvernement « va faire un 49-3, sauf si le Rassemblement national décide ouvertement de lui donner une majorité ».

Le gouvernement affrontera, avec le PLF, sa première grande épreuve de la législature, sans majorité absolue à l'Assemblée nationale.

« Notre objectif est de ramener le déficit de la France à 3 % à la fin du quinquennat et de baisser la dette. C'est le sens du budget qui sera présenté. Je ne vais pas anticiper cette présentation mais lors de chaque discussion que j'ai eue avec les ministres je leur ai demandé de rechercher des transformations dans leur domaine permettant de dégager des économies », a souligné Élisabeth Borne.

La Première ministre a par ailleurs ciblé M. Mélenchon, déplorant que « certains veulent attiser les colères et veulent le chaos pour notre pays ».

« Mathilde Panot (présidente du groupe LFI à l'Assemblée) parle du désordre à l'Assemblée nationale et dans la rue. Moi, je pense au contraire que les Français n'attendent pas le désordre. Ils attendent que l'on réponde à leurs préoccupations sur la transition écologique, sur le pouvoir d'achat, etc », a-t-elle insisté.

Quant au Rassemblement national, « avec ou sans cravate, l'extrême droite reste l'extrême droite », a jugé la Première ministre, face à la quête de respectabilité poursuivie par le parti de Marine Le Pen.