La Cour des comptes a alerté jeudi sur les « nombreux aléas » pesant sur les prévisions de déficit public faites par l'exécutif, à quelques heures de l'annonce par le gouvernement d'une salve de nouvelles dépenses pour amortir les effets de l'inflation.

Confirmé fin juin, l'objectif de ramener le déficit public à 5% du PIB fin 2022 est d'une part menacé par des dépenses en hausse de près de 60 milliards d'euros par rapport à la première mouture du budget 2022. Mais il est aussi suspendu à l'évolution de la guerre en Ukraine et de la situation sanitaire, deux crises à l'impact financier difficilement quantifiable, détaille l'institution dans son rapport annuel sur les perspectives des finances publiques.

Dans l'immédiat, ce sont plusieurs mesures du projet de budget rectificatif (PLFR) que le gouvernement doit présenter jeudi après-midi en Conseil des ministres qui font grimper les dépenses publiques.

Actée dans le PLFR, la prolongation jusqu'à fin août de la remise de 15 à 18 centimes sur le prix des carburants engendre des dépenses supplémentaires de 4,6 milliards d'euros, pour un coût total sur l'année de 7,6 milliards.

Les hausses de salaire de 3,5% pour les fonctionnaires devraient coûter 2,2 milliards d'euros à l'Etat, tandis que la facture de l'aide aux entreprises grandes consommatrices de gaz et d'électricité devrait doubler pour grimper à 3 milliards sur l'année 2022.

Surtout, la forte inflation (+5,8% sur un an en juin selon l'Insee) devrait alourdir de 17,5 milliards d'euros la charge de la dette de l'Etat. Les recettes devraient elles aussi être nettement supérieures, de 57 milliards d'euros, à celles prévues dans la loi de finance initiale pour 2022.

C'est notamment le résultat des augmentations salariales consenties par les entreprises pour préserver le pouvoir d'achat de leurs salariés face à l'inflation, qui devraient représenter « environ 8 millliards d'euros de recettes supplémentaires en cotisations sociales, prélèvements sociaux et impôt sur le revenu ». Mais ces prévisions de recettes pâtissent aussi d'une incertitude « très élevée ».

Des inquiétudes formulées dans un contexte où les marges de manœuvre budgétaires du gouvernement sont déjà contraintes, avec une dette publique de 112,5% du PIB et un déficit de 6,4% fin 2021.