Le surcroît d'épargne des Français depuis le confinement est très inégalement réparti, puisqu'il a été accumulé à 70% par 20% des ménages, selon une étude publiée lundi par le Conseil d'analyse économique (CAE) sur les bases de données bancaires.

Le bas de laine supplémentaire est évalué par les auteurs de l'étude, qui ont travaillé sur la base d'un échantillon de 300 000 données bancaires de ménages strictement anonymisé du réseau Crédit Mutuel Alliance Fédérale, à un peu moins de 50 milliards d'euros à la fin août. Le gouvernement a pour sa part avancé fin septembre le chiffre de 85 milliards d'euros.

« Alors que l'épargne est très au-dessus de la normale pour les plus aisés » durant l'été, « elle est en dessous pour les plus modestes », ont constaté les économistes, qui ont aussi mis en évidence une « baisse de l'endettement des plus aisés » et au contraire « une augmentation pour les plus modestes ».

Les pauvres ont tapé dans leur épargne

Les 20% les moins riches ont vu leur épargne, déjà très faible, se réduire durant la crise, à l'inverse du reste de la population, tandis qu'elle a augmenté pour les 80% restants, et cette augmentation est d'autant plus forte que les ménages sont plus riches.

La moitié de l'épargne supplémentaire, soit environ 25 milliards, a ainsi été accumulée par les 10% les plus aisés, montre le CAE, qui dépend du Premier ministre. Parallèlement, « les ménages modestes ont moins baissé leur consommation, puisque celle-ci se concentre plus sur les biens essentiels ».

Après le confinement, la consommation a le plus fortement rebondi en juin pour les 10% de ménages les plus modestes, ceux dont les dépenses par cartes bancaires n'excédaient pas 245 par mois en 2019. A l'inverse, les 10% de ménages les plus riches, avec des relevés de cartes de 4 826 euros en moyenne, ont été ceux qui ont le plus réduit leur consommation en avril et en mai.

En conclusion, les auteurs notent « la grande sensibilité des ménages à bas revenus et à faible épargne aux variations du revenu » et estiment « qu'un soutien beaucoup plus franc aux ménages les plus modestes, plus exposés aux conséquences économiques des mesures sanitaires, va très rapidement s'avérer nécessaire ».