La nouvelle prime à la rénovation énergétique des logements « MaPrimeRénov' » a pour l'heure attiré moins de 50 000 ménages, soit un rythme nettement inférieur à ce qui était prévu, selon les chiffres de l'agence chargée de la distribuer. Le ministère du Logement relativise toutefois ce faux départ, notamment dû au confinement, précisant que les objectifs annoncés restent atteignables.

« Depuis janvier 2020, 47 775 dossiers ont été déposés et les premières aides seront versées, pour les travaux terminés, dans les prochains jours », a annoncé dans un communiqué l'Agence nationale de l'habitat (Anah), qui dépend du ministère du Logement. Cette prime a été instaurée cette année afin de remplacer le précédent système de crédit d'impôt. L'idée est de rendre l'aide beaucoup plus attirante en permettant aux ménages de vite récupérer de l'argent au lieu d'attendre des mois après la réalisation des travaux. Mais les chiffres de l'Anah témoignent d'un rythme nettement inférieur aux attentes du gouvernement qui souhaitait, en début d'année, que 200 000 primes soient attribuées en 2020.

Entretemps, la crise du coronavirus est arrivée, d'abord sanitaire puis économique face à l'arrêt ou au ralentissement contraint de multiples activités à la suite de strictes mesures de confinement. « Malgré la crise sanitaire, l'Anah constate un dynamisme continu sur l'ensemble de ses programmes », y compris hors de MaPrimeRénov', a nuancé l'agence. Elle « a réussi à maintenir près de 70% d'activité en moyenne dans l'instruction et le traitement des dossiers ».

Complexité du dispositif

Certains observateurs ont, de fait, lié le difficile démarrage de MaPrimeRenov' à d'autres facteurs que la crise sanitaire. « Il semble que l'objectif initial de primes à accorder (200 000) ne puisse être atteint en raison des effets de la crise sanitaire et peut-être aussi de la grande complexité de ce dispositif », avançait fin mai un rapport de la commission des Finances de l'Assemblée nationale.

Le montant de l'aide dépend en effet de plusieurs variables, entre les travaux envisagés et le niveau des revenus du ménage qui la demande. Le rapport parlementaire faisait par ailleurs état d'objectifs désormais moins ambitieux de la part de l'Anah, qui prévoit d'octroyer entre 104 700 et 135 600 primes cette année.

La rénovation des bâtiments reste un objectif particulièrement mis en avant au plus haut niveau de l'Etat. Dimanche, le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé qu'elle ferait l'objet d'un plan dédié dans le cadre de ses projets de relance d'après-crise.

Un simple contretemps selon le ministère du Logement

Le ministère de la Cohésion des territoires a réagi à la publication de ces statistiques, en souhaitant apporter deux nuances. Tout d'abord la mise en place progressive de la prime : les demandes sont ouvertes depuis le début 2020, mais les premiers versements étaient initialement annoncés pour avril, ce qui explique selon le ministère un départ timide. Ensuite la crise sanitaire du Covid-19, le ministère soulignant avoir constaté une forte hausse des demandes depuis la fin du confinement. Le ministère juge ainsi qu'il est « trop tôt » pour affirmer que l'objectif des 200 000 aides ne sera pas atteint.