Le président de la République souhaite que les salariés qui doivent continuer à travailler malgré la crise sanitaire soient récompensés d’une prime de 1 000 euros. Problème : qui va la payer ?

Les « héros du quotidien » : c’est une expression qu’on entend souvent actuellement, pour évoquer tous ces professionnels qui ne peuvent pas se mettre à l’abri du Covid-19, chez eux, parce qu’il travaille dans des secteurs indispensables : la santé, le transport, l’alimentation, l’énergie, les télécommunications, la gestion des déchets, etc. Des professionnels qui, pour beaucoup, ont aussi en commun de figurer plutôt en bas de l’échelle des salaires.

Pour récompenser ces salariés en première ligne de la « guerre » contre le virus et les encourager à continuer à aller travailler, Emmanuel Macron a suggéré jeudi au patronat français de les récompenser par un « système de prime ». Une idée bien accueillie par le Medef, qui a toutefois averti que les « entreprises ne pourront pas payer ».

S’appuyer sur la prime Macron

Comment cette prime va-t-elle être financée ? « Tous les outils sont sur la table », a répondu le ministère de l’Economie aux Echos. Un en particulier : la « prime Macron ». Inauguré en 2018, dans le contexte d’une autre crise, celle des Gilets jaunes, le dispositif permet aux entreprises de verser à leurs salariés, dont la rémunération est inférieure à 3 SMIC, une prime exceptionnelle pouvant aller jusqu’à 1 000 euros, totalement exonérée de cotisations et de contributions sociales. Un coup de pouce de pouvoir d’achat dont 5 millions de salariés ont profité en 2019, et qui a été reconduit jusqu’au 30 juin 2020.

« J'invite toutes les fédérations, toutes les grandes entreprises qui ont un accord d'intéressement, notamment dans les secteurs vitaux comme l'agroalimentaire ou la grande distribution, à verser cette prime de 1000 euros totalement défiscalisée à leurs salariés », a ainsi déclaré Bruno Le Maire. Un vœu pieux ?

Accord d’intéressement nécessaire

Jusqu'ici, le versement de cette « prime Macron » n’a rien d’obligatoire. Autre limite : dans le dispositif reconduit en 2020, le bénéfice de la défiscalisation est réservée aux entreprises ayant mis en place pour leurs salariés un accord d’intéressement. C’est le cas de la plupart des grandes entreprises, moins des petites et moyennes entreprises, qu’on retrouve fréquemment dans le secteur du bâtiment et du transport, notamment. Ces dernières avaient d’ailleurs, dès octobre dernier, regretté l’ajout de cette condition, qui représente selon elles une « source de découragement » au versement de la prime.