L'Assemblée nationale a approuvé lundi la contribution de la France au budget de l'UE 2020 à hauteur de 21,337 milliards d'euros, avec au cœur des discussions, l'incertitude autour du Brexit et son impact sur les budgets à venir.

Après trois heures d'interventions dans un hémicycle dégarni, les députés ont voté à 52 voix contre 5 pour porter la contribution française à 21,337 milliards d'euros contre 21,194 milliards - actualisés - en 2019.

Mais ce sont surtout les aléas du Brexit qui ont animé les discussions dans l'hémicycle, alors que l'Union vient de lancer le coup d'envoi des négociations de son cadre budgétaire pluriannuel 2021-2027. L'Europe est à « la croisée des chemins », a résumé le président de la commission des finances Eric Woerth (LR), en évoquant avec le Brexit « un trou de 10 milliards d'euros » pour le budget européen, puisque le Royaume-Uni est le deuxième contributeur net de l'Union, derrière l'Allemagne.

Les « mystères des incidences du Brexit »

« Sans nouvelles ressources propres et à niveau de budget équivalent, la part française de ce budget (européen) pourrait significativement augmenter » dans les années qui viennent, a reconnu le rapporteur général Joël Giraud (LREM). Le « risque » est de l'ordre de « 6,3 milliards d'euros supplémentaires » par rapport à la période actuelle, a estimé Lise Magnier (UDI-Agir), pendant que le député MoDem Jean-Louis Bourlanges évoquait les « mystères des incidences du Brexit ».

Pour le « marcheur » Pieyre-Alexandre Anglade, « l'incertitude majeure du Brexit doit cesser. Les délais consentis à cette négociation doivent être tenus ». La secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Amélie de Montchalin a rappelé que « s'il y a accord, le Royaume-Uni devra solder ce qu'il doit à l'Union Européenne pour les politiques publiques dont il a bénéficié ». La France n'augmentera pas sa contribution « si les Britanniques ne payent pas comme ils le doivent ».

Elle a aussi souligné les priorités du gouvernement pour le budget européen 2021-2027, dont le « maintien de la politique agricole commune (PAC) à son niveau actuel ». Il doit aussi être « le premier budget européen de transition écologique, pour que 40% de ce budget contribuent à la réduction des gaz à effet de serre », a-t-elle insisté.

A la gauche de la gauche, contrairement aux socialistes, La France Insoumise a voté contre la contribution française à l'Union Européenne pour 2020, dénonçant par la voix de Mathilde Panot les « technocrates de Bruxelles », une « fuite en avant mortifère vers toujours plus de libre-échange », le « dumping social » des travailleurs détachés et le « dumping fiscal » de pays comme l'Irlande. A l'extrême droite, Ludovic Pajot (RN) a fustigé la « gabegie financière » de l'UE et voté contre la contribution.