La place financière de Paris, par la voix de l'association Paris Europlace, entend faire valoir ses atouts face à la City après le vote en faveur du Brexit, en prenant acte vendredi « avec regrets » de cette décision.

La place de Paris « prend acte, avec regrets, de la décision souveraine du peuple britannique de sortir de l'Union Européenne », selon un communiqué de Paris Europlace, appelant à une initiative européenne. Pour Gérard Mestrallet, président de Paris Europlace, cité dans le communiqué, « nous avons besoin d'une réponse très forte de la part de l'Union européenne, pas seulement vis-à-vis du Royaume-Uni ».

La place de Paris entend se positionner pour profiter des possibles retombées de ce vote, qui pourrait rebattre les cartes en Europe et remettre en question la prédominance de la City. Le fait que les banques, les gérants d'actifs et les opérations sur l'euro soient pour une grande part à Londres, tandis que les entreprises, l'épargne et la monnaie unique soient sur le continent, « tout ça va devenir une sorte d'anomalie », a expliqué sur Europe 1 Stéphane Boujnah, patron de l'opérateur boursier Euronext, qui chapeaute la Bourse de Paris. « Il est normal qu'à la fois pour des raisons réglementaires et de proximité avec les clients, un certain nombre de ces activités qui étaient basées jusqu'à présent à Londres finissent par évoluer vers le continent et vers la zone euro », a-t-il déclaré.

Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace, a de son côté indiqué à l'AFP qu'« il est essentiel que la zone euro reprenne le contrôle de sa monnaie et des infrastructures de marché qui vont avec ». Paris Europlace rappelle par ailleurs que la place parisienne bénéficie de la "présence de grandes entreprises clientes des marchés, un pôle de gestion d'actifs de 3.600 milliards d'euros, cinq grandes banques dans le top 20 européen, une industrie des Fintech à la pointe ".

Stratégie renforcée d'attractivité

Elle se dit « prête à accueillir encore plus largement les entreprises qui souhaitent renforcer leur implantation dans l'Union Européenne ». Paris Europlace demande ainsi « aux autorités publiques la mise en place immédiate d'une stratégie renforcée d'attractivité, y compris règlementaire et fiscale ».

De même, selon l'association, « l'Europe doit mener des négociations sans concessions sur les conditions de sortie du Royaume-Uni », en actant le fait que ce dernier « n'appartient plus au marché unique européen et doit être considéré comme un pays tiers » et ne peut plus bénéficier du passeport européen lui donnant accès aux marchés financiers.

« La place de Paris souhaite que l'Europe se donne deux ans au maximum pour faire aboutir les négociations avec l'UE », a souligné M. de Bresson. « La City ne pourra pas disposer d'un accord dérogatoire et la règle doit être celle de l'abandon du passeport européen » qui lui donne accès aux marchés financiers, l'objectif étant « d'éviter l'effet domino qu'entraînerait un dispositif spécial », selon lui.