Il n'existe pas de transfert financier « majeur » entre le groupe Etat islamique et la France répertorié par la cellule de renseignement financier Tracfin, a indiqué mardi son directeur Jean-Baptiste Carpentier lors d'un point de presse.

Le groupe, qui contrôle de vastes pans des territoires syrien et irakien, « est un mouvement qui est aujourd'hui autofinancé », a expliqué Jean-Baptiste Carpentier. Une autosuffisance qui s'appuie principalement sur le pillage des fonds entreposés dans la succursale de la banque centrale irakienne à Mossoul, dont le butin est estimé à 429 millions de dollars, mais aussi à la contrebande de pétrole et d'œuvres d'art.

« Il n'y a pas aujourd'hui de financement de Daech, comme il pouvait y avoir un financement d'Al-Qaïda », a décrit le directeur de Tracfin. Durant les années 90 et 2000, l'organisation dirigée par Oussama ben Laden a ainsi bénéficié d'importants flux financiers de soutiens à travers le monde qui lui ont permis d'entretenir un réseau et de mener à bien des actions violentes. « A la limite, ce serait plutôt Daech qui financerait » d'autres organisations, même si aucun transfert significatif n'a été identifié en ce sens, a résumé Jean-Baptiste Carpentier, pour qui EI « est de très loin le mouvement le plus riche qui ait jamais existé ».

« Si on découpe Palmyre... »

Si le produit de la vente de pétrole ne rapporte plus autant que durant les premiers mois de la création de l'EI, « car ils n'ont plus les moyens de le raffiner » et que les cours ont nettement baissé, la contrebande des œuvres d'art continue d'alimenter leur trésorerie. « Si on découpe Palmyre (ville antique syrienne dont EI a pris le contrôle en mai) en morceaux, ça va se retrouver sur les marchés et ça peut valoir des centaines de millions (de dollars), voire des milliards », a prévenu le directeur de la cellule de renseignement financier.

Pour autant, pour lui, bien que s'étant proclamé Etat, EI n'est pas aussi bien structuré qu'Al-Qaïda sur le plan financier. « C'est un proto-Etat (pas un Etat véritable), qui fonctionne davantage sur des rapines » que sur des sources fiables de financement, a-t-il estimé.