Alors que la Banque Centrale Européenne (BCE) continue d'injecter massivement des liquidités sur le marché monétaire, son président Jean-Claude Trichet, estime que la crise financière constitue « un événement jamais rencontré depuis la seconde guerre mondiale » avec « un niveau d'incertitude absolument exceptionnel ».

« Depuis la seconde guerre mondiale, nous sommes en présence d'événements que nous n'avions jamais rencontrés » et c'est « une période d'incertitude absolument exceptionnelle », a déclaré Jean-Claude Trichet, président de la BCE.

Pourtant, à la veille du mini sommet de chefs d'états européens, organisé a Paris samedi, M.Trichet affirme que « ce n'est pas la zizanie » en Europe, les gouvernements européens « ont fait face en prenant des décisions difficiles et rapides face aux circonstances ».

Mardi, la BCE a réinjecté 60,7 milliards en deux fois sur le marche monétaire. 30 milliards pour commencer, le volume journalier devenu habituel, et 30,7 milliards dans un appel d'offres supplémentaire.

Depuis le déclenchement de la crise en août 2007, et encore davantage depuis la crise des subprime aux USA, les banques, rendues très méfiantes, ne se prêtent presque plus d'argent entre elles. Les banques centrales prennent donc le relais pour éviter une contagion à d'autres secteurs de l'économie. « Nous vivons une situation qui est absolument exceptionnelle », a déclaré M.Trichet. « Le tableau est sombre pour l'économie européenne, qui s'affaiblit sous le coup d'une « demande intérieure en contraction » et d'un crédit plus rare. Le repli en cours des prix du pétrole conjugué à la croissance qui se poursuit dans les pays émergents, comme la Chine, « pourrait permettre une relance progressive (de l'économie) au cours de 2009 », a-t-il prudemment ajouté.

L'objectif de la BCE d'une inflation légèrement inférieure à 2% sera atteint « dans dix-huit mois » a précisé M.Trichet. Et il reste « impératif » d'éviter des effets de second tour, notamment une spirale inflationniste susceptible de se déclencher si les hausses salariales dans la zone euro sont très élevées.

Le taux directeur reste a 4,25%

Le conseil des gouverneurs a décidé « à l'unanimité » de garder le principal taux directeur inchangé à 4,25%. Mais l'option d'une réduction de ce taux, qui détermine les conditions du crédit pour les ménages et les entreprises en zone euro, a été envisagée, a confié le président de la BCE. Celle-ci pourrait survenir au début du mois de décembre, date à laquelle le conseil des gouverneurs se réunira à Bruxelles pour présenter ses nouveaux pronostics d'inflation et de croissance.

En attendant, un mini sommet de chefs d'états européens est organisé à Paris samedi. Il doit réunir les chefs d'Etat et de gouvernement allemand, britannique, italien et allemand, en présence de M. Trichet, du président de la Commission européenne José-Manuel Barroso, et du chef de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker. « Nous verrons ce qui sera décidé (...) après la réunion de Paris. Mais dire que nous devons imiter nécessairement ce qui est fait aux Etats-Unis est naïf, nous ne sommes pas les Etats-Unis », a fait valoir M. Trichet, faisant référence au plan Paulson.