Le Parlement a adopté définitivement lundi, par un ultime vote de l'Assemblée nationale, le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2015, entérinant la mise sous conditions de ressources des allocations familiales.

Lors d'un vote à main levée, les députés socialistes et radicaux de gauche se sont prononcés pour, l'UMP, l'UDI et le Front de gauche contre, tandis que les écologistes se sont abstenus. Ce budget vise à réduire de deux milliards d'euros le déficit de la Sécu l'an prochain, principalement grâce à des économies sur les médicaments et les actes jugés inutiles.

La ministre des Affaires sociales Marisol Touraine a défendu un « texte de progrès et de transformation », saluant en particulier « la mobilisation du groupe socialiste » pour faire passer la modulation des allocations familiales, une mesure « d'efficacité et de justice » selon elle. L'UMP mais aussi le Front de gauche ont lancé une ultime charge contre cette réforme via des amendements de suppression de la modulation, qui ont été rejetés.

Hervé Mariton, farouche défenseur de la famille et candidat malheureux à la présidence de l'UMP, a dénoncé une « insulte à l'ensemble de familles en France » de la part du gouvernement. L'UDI n'y voit « qu'un but comptable » et « une remise en cause du principe d'universalité », de même que le Front de gauche vent debout contre « une faille grave et dangereuse ». « Pour 90% des familles de notre pays, absolument rien ne va changer », a martelé la présidente de la commission des Affaires sociales, Catherine Lemorton (PS). Dans la majorité, les écologistes et radicaux de gauche ont aussi dit leurs réserves, les premiers pointant « la fin d'un consensus national », les seconds appelant à « veiller à ne pas confondre politique familiale et politique sociale ».

Globalement à gauche, ce budget de la Sécurité sociale est vu comme « une nouvelle étape dans le rétablissement des comptes sociaux » par les radicaux de gauche, mais il « reste trop marqué par les choix du pacte de responsabilité » en faveur des entreprises aux yeux des écologistes et « incarne la droitisation d'une politique » pour le Front de gauche.

Dans une déclaration, le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert a salué le vote de ce budget, « premier des textes financiers de fin d'année, (qui) permettra de mettre en œuvre une partie du plan d'économie de 21 milliards d'euros pour 2015 ».