Une nouvelle pollution ponctuelle à l'amiante a été détectée cette semaine à la tour Montparnasse, des particules de la fibre cancérigène ayant été repérées dans un local de service au sous-sol, a-t-on appris vendredi, les copropriétaires assurant que la situation était depuis revenue « à la normale ».

La pollution a été repérée dans la nuit du 7 au 8 octobre dans un local de service au sixième sous-sol, dans le cadre de la surveillance obligatoire sur l'ensemble du site à la demande de la préfecture de Paris. Le niveau d'empoussièrement mesuré a atteint 15 fibres par litre, alors qu'il ne doit pas dépasser 5 fibres par litre. Dans un communiqué transmis à l'AFP, les copropriétaires ont reconnu « un dépassement d'amiante dans un local de service au sous-sol de la tour ». Ils soulignent que « les nouvelles mesures réalisées dans la nuit du 9 au 10 octobre n'indiquent plus de dépassement de seuil ».

Le local concerné « a été immédiatement isolé et les procédures d'information auprès du personnel, des copropriétaires, des utilisateurs et des services de l'Etat ont été immédiatement mises en place, conformément aux instructions du décret préfectoral qui régit la surveillance de la tour », précisent-ils. Les copropriétaires n'expliquent pas à ce stade les causes de cette pollution et indiquent que « les services techniques mènent des investigations afin de déterminer » son origine.

Selon la préfecture, l'inspection du travail s'est rendue sur place pour déterminer les causes de la pollution. Elle a d'ores et déjà conclu qu'il n'y avait pas lieu d'évacuer les lieux, l'épisode de pollution étant achevé. Elle n'exclut pas que la pollution ait pu être amenée de l'extérieur par les personnels de nettoyage, par exemple sur leurs vêtements.

Pour Michel Parigot, vice-président de l'association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva), cette nouvelle pollution est le signe que la tour « ne maîtrise pas la situation », notamment dans les parties privatives. « Il y a tellement de choses qui se passent, des interventions ponctuelles qui engendrent les pollutions, que je ne vois pas comment ils peuvent contrôler la situation » dans un bâtiment « aussi complexe », a-t-il déclaré à l'AFP. Cela ne pourra pas être fait « tant qu'ils n'auront pas désamianté » l'ensemble du site.

5.000 personnes travaillent dans la tour

L'association organise samedi, comme chaque année, une manifestation nationale pour les victimes de l'amiante, qui sera précédée d'une chaîne humaine autour de la tour Montparnasse en début d'après-midi pour dire « plus jamais ça ». Le célèbre édifice parisien où travaillent environ 5.000 personnes s'était retrouvé dans la tourmente à l'été 2013 après une série de dépassements des seuils de pollution, qui avaient poussé des entreprises et la région Ile-de-France à évacuer par précaution.

Un expert, mandaté pour comprendre les causes de ces pics de pollution, avait notamment mis en cause l'organisation des travaux, que les copropriétaires ont ensuite décidé de suspendre jusqu'à la mi-2015. Dans ce dossier, une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris, notamment pour « mise en danger de la vie d'autrui », tandis qu'une vingtaine de salariés ou ex-salariés ont engagé une action aux prud'hommes pour faire valoir un « préjudice d'anxiété ». Isolant utilisé dans le bâtiment, l'amiante, cancérigène, pourrait provoquer, selon les autorités sanitaires, quelque 100.000 décès d'ici à 2025.