Après « Si l’argent m’était conté », Jean-Philippe Bidault, le vice-président de la Compagnie des conseils et experts financiers (CCEF), vient de publier « Si la banque m’était contée », paru aux éditions du Palio. Interview.

Dans son dernier ouvrage, l’auteur revient sur cinq moments clés de l’histoire bancaire française : la chute du Crédit Lyonnais dans les années 90, l’affaire de la banque industrielle de Chine à l’aube du XXe siècle, l’aventure des Pereire sous le second Empire et les révolutions de 1789 et de 1848. Cinq histoires qui permettent de mieux comprendre notre système bancaire, de la révolution à nos jours. Le roman historique de Jean-Philippe Bidault accorde également une large place à la figure du banquier, cet homme riche, d'influence, qui façonne la société mais qui reste incompris de l'opinion publique.

Jean-Philippe Bidault, dans votre dernier ouvrage, « Si la banque m’était contée… », vous développez cinq points de l’histoire de la banque et du banquier dans un ordre chronologique inversé. Pourquoi avoir fait ce choix ?

« J’ai choisi de travailler à la manière d’un archéologue : pour comprendre l’histoire de la banque, je regarde d’abord le terrain tel qu’il est aujourd’hui – c’est ce que je fais avec les différents problèmes qui incendient le Crédit Lyonnais dans les années 90 – puis le lecteur découvre de nouvelles strates, plus anciennes, qui expliquent la banque telle qu’elle était au début du XXe siècle, à l’époque des frère Pereire ou bien encore au moment des Rothschild. » 

Pourquoi avoir sélectionné ces cinq histoires ?

« J’estime que chacune de ces scènes est un moment charnière de l’histoire de la banque. Mais j’aurais pu reprendre plein d’autres épisodes ! » 

Le banquier est-il un personnage important à travers l’histoire ?

« Sans aucun doute. Son image se dégage en ce moment, elle devient plus nette grâce aux banques centrales qui n’existaient pas il y a cent ans. Mais, quoi qu’il en soit, le banquier a toujours été un personnage central. Prenez Necker, par exemple : c’était un des hommes politiques les plus populaires de son époque, et c’était un banquier ! Beaucoup de grands personnages de l’Histoire de France, comme Mazarin, étaient aussi de grands banquiers. »

La place et l’image du banquier ont-elles évolué au fil des siècles ?

« Son nom est toujours le même donc il est toujours aussi exposé, aussi soumis aux critiques mais aussi quelque fois à l’adulation. En revanche, le personnage a évolué : il a changé de costume. Il porte aujourd’hui un costume d’homme d’Etat. LE banquier aujourd’hui est le président de la banque centrale, qu’elle soit américaine, européenne, française, etc. Il a adopté un langage spécial, un langage de sphinx qui est à la fois mi-clair et mi-obscur. Mais ce personnage est le banquier de la scène, celui qui apparaît en pleine lumière. Les banquiers, tels qu’ils ont toujours existé, continuent eux à faire leur métier de la même façon. »

Selon vous, les critiques dont sont victimes aujourd’hui les banquiers sont-elles justifiées ?

« Tout homme politique et tout homme public est soumis à la critique. Je trouve cela normal que le banquier fasse quelque fois autant l’objet de haine. En revanche, il y a une différence entre « le » banquier et « les » banquiers. En ce qui concerne les seconds, je pense que les gens aiment plutôt bien leur banquier. Ils en parlent avec confiance. C’est la banque qu’ils n’aiment pas, cet être impersonnel. »