Le Premier ministre Manuel Valls a dit mercredi « assumer le réformisme » et « la social-démocratie », au lendemain du vote par l'Assemblée national du programme de stabilité pour 2015-2017, qui fixe les objectifs économiques du gouvernement. « C'est un vote fondateur parce que ce vote s'est fait dans la clarté », a-t-il déclaré sur France Inter.

« J'assume ce réformisme, j'assume cette social-démocratie ou, au fond, cette gauche profondément moderne, qui regarde la réalité en face et qui en même temps veut répondre à l'attente de justice sociale », a-t-il poursuivi en réponse aux critiques que suscite dans une partie de la gauche le plan de soutien à la compétitivité des entreprises et d'économies budgétaires sans précédent. « Peut-être que depuis deux ans nous n'avons pas assez assumé ce que nous avions engagé et ce que le président de la République avait engagé », a-t-il affirmé.

Manuel Valls a arraché mardi soir à sa majorité l'adoption du plan de 50 milliards d'euros d'économies, évitant une crise avec Bruxelles, mais 41 députés PS se sont abstenus. Le pacte de responsabilité et de solidarité, compris dans le programme de stabilité, prévoit une baisse de 30 milliards d'euros du coût du travail des entreprises d'ici à 2016, auxquels s'ajoutent plus de 10 milliards de réductions d'impôts d'ici à 2017. Les ménages modestes se voient de leur côté octroyer 500 millions de coup de pouce fiscal dès 2014 puis des mesures sociales et fiscales d'un montant total de 5 milliards d'euros d'ici à 2017.

« Je ne pense pas que c'est être de gauche que de faire peser sur les futures générations le poids de la dette », a répondu Manuel Valls à une auditrice qui lui disait voir en France « des gens de gauche qui se sentent trahis » et « la montée de la pauvreté ». « Je ne crois pas qu'être de gauche, c'est augmenter les impôts et asphyxier les classes moyennes », a-t-il ajouté.

Gouverner « dans la durée »

« Partout en Europe, là où la gauche a réformé c'est qu'elle l'a fait dans la durée et, moi, je souhaite que nous gouvernions dans la durée », a affirmé Manuel Valls. « Le choix que nous faisons de ces 30 milliards pour les entreprises, c'est pour l'investissement et pour l'emploi. C'est pour ça que nous serons, avec les parlementaires et avec les partenaires sociaux, extrêmement vigilants sur l'utilisation de ces soutiens », a-t-il assuré.

« Moi, je fais confiance aux partenaires sociaux », a-t-il répondu à une question sur l'éventualité d'une utilisation pour le versement de dividendes des aides aux entreprises. « Moi, je veux faire confiance d'abord aux entrepreneurs de ce pays », a-t-il ajouté.