Le président du directoire de BPCE, François Pérol, est entendu jeudi après-midi par un juge d'instruction du pôle financier sur les conditions de sa nomination à la tête du groupe bancaire, a-t-on appris de source proche du dossier.

« François Pérol est entendu cet après-midi », a déclaré une source proche de l'enquête. Lancée en 2010, cette enquête porte sur l'arrivée de François Pérol à la tête du groupe issu du rapprochement des Caisses d'Epargne et des Banques Populaires, après avoir passé deux années à l'Elysée comme secrétaire général adjoint, chargé des dossiers économiques. La nomination de François Pérol avait été vivement critiquée par la gauche et des syndicats de la banque. Ils dénonçaient un conflit d'intérêt car il avait pris part à l'Elysée aux négociations sur la création du groupe BPCE.

La loi interdit à tout fonctionnaire de travailler pour une entreprise qu'il a surveillée, avec laquelle il a conclu un contrat ou qu'il a conseillée sur ses opérations dans les trois ans précédant son passage du public au privé.

Une autre polémique était née car la Commission de déontologie de la fonction publique n'avait pas été saisie, contrairement à ce qu'avait affirmé le président de l'époque, Nicolas Sarkozy. Son président, Olivier Fouquet, avait donné un avis favorable à l'Elysée mais il s'agissait d'une « opinion personnelle », avait-il précisé.

Uniquement un rôle de conseil selon François Pérol

Pour se défendre, François Pérol, dont le mandat à la tête de BPCE s'achève en 2016, avait expliqué qu'il n'avait eu qu'un rôle de conseil auprès de Nicolas Sarkozy, qui n'entrait pas dans le champ des interdictions prévues par la loi.

Dans ce dossier, l'association anticorruption Anticor avait déposé une première plainte en mars 2009, suivie par les syndicats CGT et Sud des Caisses d'Epargne. Après avoir entendu François Pérol, le parquet avait classé une première enquête sans suite, puis il s'était opposé à l'ouverture d'une information judiciaire, finalement ordonnée par la Cour de cassation en juin 2012, soit 3 ans après les premières plaintes.

Claude Guéant entendu comme témoin à la mi-janvier

Plusieurs auditions ont déjà eu lieu dans cette affaire ainsi que des perquisitions. L'une d'elles avait visé début 2013 le domicile de François Pérol. Plus récemment, l'ex-secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, avait lui-même été entendu mi-janvier comme témoin par le juge Roger Le Loire au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris.

Contacté par l'AFP, le groupe BPCE s'est refusé à tout commentaire.