Pierre Condamin-Gerbier, ex-cadre de l'établissement financier suisse Reyl et Cie et témoin dans l'enquête sur l'affaire Cahuzac, a affirmé jeudi disposer d'une liste « d'une quinzaine » de noms d'ex-ministres ou d'actuels ministres détenteurs d'un compte en Suisse et a estimé que Jérôme Cahuzac n'était qu'un « fusible ».

Interrogé par l'AFP avant son audition à l'Assemblée nationale par le député PS Yann Galut, rapporteur du projet de loi de lutte contre la fraude fiscale, Pierre Condamin-Gerbier a affirmé la même chose qu'il a dite aux sénateurs mercredi, à savoir qu'il détenait une liste d'une quinzaine de noms de politiques. Il a aussi déclaré que ses documents, « des éléments de preuve », avaient été remis à « une partie tiers ».

Pour l'ex-banquier, l'ancien ministre délégué au Budget, Jérôme Cahuzac, n'est qu'« un fusible ». « On a fait du citoyen Cahuzac, a-t-il dit, un fusible, on dit que c'est le mensonge d'un homme, mais des Cahuzac il y en a d'autres ». « C'est le mensonge d'un système et d'un Etat », a-t-il assuré ensuite à plusieurs journalistes.

Interrogé sur l'éventuelle divulgation des noms de la liste qu'il dit détenir, il a répondu à l'AFP : « J'attends le bon moment pour le faire », notamment lorsque cela « aura le moins de répercussions pour moi et ma famille ». Il a expliqué, comme il l'a déjà fait dans d'autres médias, qu'il subissait « des menaces », notamment des « menaces de mort ». Il a raconté jeudi que récemment il avait retrouvé sa moto « trafiquée », « destinée à lâcher » et qu'il avait « porté plainte » à ce sujet.

Ancine responsable de l'UMP en Suisse

Pierre Condamin-Gerbier a été entendu dans l'affaire Cahuzac, par les policiers dans un premier temps, et ensuite par le juge Van Ruymbeke dans le cadre de l'information judiciaire pour « blanchiment de fraude fiscale » visant l'ex-ministre du Budget. Les juges ont demandé au parquet une extension de leur enquête à d'éventuels autres détenteurs de comptes non déclarés à la suite de l'audition de M. Condamin-Gerbier.

Fin avril, M. Condamin-Gerbier avait assuré dans un entretien à l'AFP en Suisse qu'il n'avait pas donné aux juges les noms d'éventuels autres détenteurs de comptes non déclarés en Suisse. Le fait que de nombreux responsables politiques français ont utilisé des places financières comme la Suisse pour eux-mêmes ou pour leur parti est un « secret de polichinelle », avait dit celui qui a été responsable de la délégation UMP en Suisse, notamment lors de la campagne présidentielle de 2007, mais a quitté son poste en 2009.

Les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire instruisent une information judiciaire ouverte notamment pour « blanchiment de fraude fiscale » et visant la détention par Jérôme Cahuzac d'argent non déclaré à l'étranger. M. Cahuzac a affirmé qu'il avait environ 600.000 euros sur son compte non déclaré à Singapour.