Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi a souligné lundi les risques d'une longue période de taux directeurs bas, suggérant ainsi que l'institution ne compte pas les baisser encore davantage.

Le principal taux directeur de la BCE est déjà rivé depuis juillet dernier à 0,75%, soit son plus bas niveau historique.

« La BCE est consciente des défis que soulève une longue période d'une politique de taux bas et d'une abondance de liquidités », a déclaré M. Draghi devant la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen à Bruxelles à l'occasion de leur dialogue trimestriel. « Les faibles taux d'intérêt risquent d'affecter la capacité des épargnants et des investisseurs à générer des rendements », notamment pour les compagnies d'assurance et les fonds de pension, a reconnu M. Draghi. Mais d'un autre côté, « en assurant la stabilité des prix, la politique monétaire a contribué à des conditions financières plus stables. C'est essentiel pour les épargnants et les investisseurs », a-t-il ajouté.

Les taux directeurs ne devraient pas baisser davantage

Par ailleurs, des taux d'intérêt bas pendant une longue période, couplés à une abondance de liquidités en circulation, « facilitent des prêts de refinancement à coûts très faibles », ce qui peut conduire les banques à être moins prudentes dans la gestion du crédit, et peut encourager la formation de bulles spéculatives, en particulier dans l'immobilier, a poursuivi M. Draghi.

« La politique de la BCE reste accommodante », a-t-il souligné, une expression qui pour les analystes signifie que l'institution n'a pas l'intention de baisser davantage des taux. « Soyons clairs : des changements de politique de taux d'intérêt ne sont pas normalement le meilleur instrument pour répondre à des déséquilibres financiers », a encore mis en garde le président de la BCE. Si ces déséquilibres ne menacent pas directement la stabilité des prix au niveau de l'ensemble de la zone euro, « c'est aux Etats » d'y faire face, a-t-il insisté.

Par ailleurs, M. Draghi a rappelé lundi qu'il trouvait « très exagéré de parler de guerre des devises », sur fond de craintes d'une appréciation trop forte de l'euro par rapport au dollar et au yen. Samedi, les représentants des pays du G20 réunis à Moscou se sont engagés à ne pas procéder à des dévaluations compétitives de leurs monnaies respectives et à « progresser plus rapidement vers des systèmes de taux de change davantage déterminés par les marchés » pour mieux refléter les fondamentaux. « J'invite tout le monde à adopter une stricte discipline verbale (sur les taux de change, ndlr). Moins on en parle, mieux ce sera » a plaidé M. Draghi.