Lors de sa première prise de parole dans une émission audiovisuelle depuis le début de l'affaire, le ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac a à nouveau dimanche « nié en bloc et en détail » les accusations du site Mediapart selon lesquelles il aurait détenu un compte en Suisse.

« Je nie en bloc et en détail », a déclaré le ministre interrogé par les journalistes du Grand rendez-vous de Europe 1/i-télé/Le Parisien, qui l'ont questionné quelques minutes sans entrer dans les détails du dossier. A propos de la conversation enregistrée dans laquelle on entend un homme, que Mediapart considère être Jérôme Cahuzac, parler de son compte dans une banque suisse, ce dernier a affirmé : « ça ne peut pas être moi puisque je n'ai jamais eu de compte à l'étranger ».

Interrogé sur l'attitude du monde politique depuis la sortie des premières accusations tôt début décembre, le ministre a rendu un hommage appuyé à l'opposition qui « s'est contentée de critiquer le gouvernement sur la politique qu'il menait et sur rien d'autre ». « Je crois que par son attitude, elle a puissamment contribué à grandir le débat politique et surtout à comprendre qu'il y a des choses importantes dans la vie d'un pays - notre pays vit des moments difficiles - et qu'il faut savoir laisser le vulgaire ou l'accessoire quand l'important commande ».

Rappelant avoir déposé une demande auprès de l'Union des Banques suisses (UBS) pour obtenir un document attestant qu'il n'y avait jamais ouvert de compte, il a estimé que « c'est très difficile (à obtenir) de la part d'une banque suisse ». « Certains bons apôtres ou bons amis ou supposés experts qui prétendent qu'on a ces documents facilement, ceux-là parlent de choses qu'ils ne connaissent pas », a-t-il critiqué, disant néanmoins avoir « bon espoir » de recevoir le fameux document.

« Il y a une chose que je n'ai pas faite et que je ne ferai pas, c'est danser au rythme auquel certains voudraient me voir danser », a observé le ministre. « Je me refuse, au gré des articles plus ou moins bien documentés, plus ou moins bien écrits, plus ou moins vulgaires - certains sont d'une vulgarité confondante -, je me refuse à danser au rythme de ces articles-là », a-t-il dit.

Tout en refusant d'« être présenté comme une victime », Jérôme Cahuzac a relevé qu'« il n'est jamais bon d'être un ministre du Budget quand les impôts augmentent autant ». Ni, « quand on est de gauche », d'avoir eu une vie professionnelle « couronnée de succès, notamment sur le plan matériel ». « Ce que j'ai fait a toujours été légal et régulier et d'ailleurs ceux qui ont tenté de démontrer que cela pouvait être irrégulier ont échoué », a-t-il insisté.

« Je ne réclame pas la présomption d'innocence, la justice ne m'inquiète pas (...). J'attendrai d'abord que ceux qui m'accusent produisent des éléments qui sont un peu tangibles, et nous en sommes très très loin », a poursuivi le ministre, affirmant ne « pas constater » que la polémique gênait son travail au gouvernement. Le site d'information Mediapart affirme que Jérôme Cahuzac a clos en 2010 le compte bancaire qu'il avait chez UBS et en a transféré les fonds sur un compte à Singapour. Il s'appuie notamment pour cela sur un enregistrement fourni par l'adversaire malheureux de l'actuel ministre du Budget à la mairie de Villeneuve-sur-Lot en 2001.