Le président Nicolas Sarkozy a jugé lundi "morale" la lutte contre la fraude fiscale, mais a assuré que le gouvernement et la justice respecteraient les "règles", à propos de l'exploitation de fichiers dérobés par un employé de la banque HSBC de Genève.

"Nous ne sommes pas là pour protéger les fraudeurs. Maintenant, il y a des règles et elles doivent être respectées", a déclaré le chef de l'Etat, interrogé sur ce sujet lors d'une conférence de presse consacré au grand emprunt.

"La lutte contre la fraude fiscale, elle est morale", a affirmé M. Sarkozy, tout en rappelant que la France était "un Etat de droit".

Il a apporté son "soutien" à son ministre du Budget Eric Woerth. Ce dernier a reconnu que l'ancien employé avait été une "source" pour l'obtention de la liste des personnes soupçonnées d'évasion fiscale par le gouvernement français.

Le procureur de la République de Nice, Eric de Montgolfier, a ordonné l'ouverture d'une enquête pour blanchiment sur une partie des comptes communiqués à la justice française par l'ancien cadre de la HSBC.

"Je fais confiance à Eric Woerth et à la justice pour voir dans quelles conditions cela doit être mené", a déclaré le président.

"C'est à la justice de dire ce qu'il en est. Mais imaginez aussi une administration qui reçoit des renseignements et qui les met à la poubelle", a-t-il ajouté, avant d'ironiser: "Sans doute, on nous aurait félicités pour notre respect scrupuleux des règles juridiques françaises".

Eric de Montgolfier a déclaré au Journal du Dimanche que le fichier piraté dans la filiale genevoise de la banque britannique était en fait "un système complexe comportant des clés de cryptage".

"Nous avons aujourd'hui 130.000 noms. Il y a parmi eux 3.000 Français", a-t-il expliqué. "Pour les autres, de très nombreux pays sont représentés, la Colombie ou l'Italie notamment".

Selon une source proche du dossier, les données dérobées à HSBC ont permis de constituer "une grosse partie" de la liste des 3.000 contribuables français soupçonnés de dissimuler des avoirs dans des comptes à l'étranger, dont le gouvernement a affirmé fin août être en possession.

Interrogé lundi par la presse, Eric Woerth s'est une fois de plus borné à dire que ce fichier piraté était "une source sur les trois" qui ont permis de constituer la "liste des 3.000".

HSBC continue de son côté d'assurer que le vol de données ne concerne qu'une dizaine de ses clients.