Au cours d'une conférence de presse à l'Elysée, le chef de l'Etat a détaillé la répartition des 35 milliards d'euros du grand emprunt, reprenant pour l'essentiel les recommandations de la commission Juppé-Rocard. Avec un leitmotiv : la nécessaire compétitivité de la France dans les secteurs de pointe.

35 milliards d’euros, dont 13 au titre des aides remboursées à l'Etat par les banques françaises. C’est le montant que l’Etat mobilisera dans le cadre du grand emprunt, a déclaré Nicolas Sarkozy, lundi, lors d’une conférence de presse à l’Elysée. Ce pactole sera destiné principalement à l’enseignement supérieur et à la formation (11 milliards), à la recherche (8 milliards), à l’industrie et aux PME (6,5 milliards), au numérique (4,5 milliards) et au développement durable (5 milliards).

« Nous avons donc décidé de mobiliser 35 milliards d’euros qui seront exclusivement consacrés aux priorités d’avenir, conformément aux recommandations d’Alain Juppé et de Michel Rocard », a déclaré le président français.

L’enseignement supérieur fait partie des priorités de Nicolas Sarkozy. « Notre objectif est très simple, a-t-il annoncé, nous voulons les meilleures universités du monde ». Il assure que la France va « se doter de moyens jamais mobilisés » afin de « gagner le combat de la compétitivité ». Le président envisage même de bouleverser l’entrée à l’université en instaurant un « processus de sélection rigoureux et peut-être même une période probatoire ».

Il garantit l’octroi aux universités de « dotations aux alentours (…) d’un milliard d’euros chacune en pleine propriété ».

Un milliard pour un "gigantesque campus" à Saclay (Essonne)

Première mesure visible en direction de l’enseignement supérieur, l’investissement d’un milliard d’euros dans la création d’un « gigantesque campus » universitaire à Saclay (91). Un campus qui regroupera, selon le président, « sur un seul site, les écoles de Paris Tech aujourd’hui dispersées dans la capitale, ainsi que l’école centrale de Paris, l’Ecole normale de Cachan et l’Université Paris XI ».

1,3 milliards seront par ailleurs consacrés à « compléter et accélérer le plan campus, qui atteindra au total 5 milliards d’euros », a ajouté Nicolas Sarkozy.

Autre volet important de l’intervention de Nicolas Sarkozy, les PME et PMI, qui recevront 6,5 milliards d’euros. « Notre compétitivité s’est érodée », a affirmé Nicolas Sarkozy en faisant valoir que la part des exportations françaises avait « reculé de 20% au cours des dix dernières années », dans la zone euro.

« On a perdu des parts de marché, non pas sur les nouveaux émergents (…), mais sur nos voisins européens », a déploré M. Sarkozy. Le grand emprunt servira, selon lui, à « aider les filières d’excellence à préparer l’avenir », en privilégiant l’aéronautique, le spatial, l’automobile, le ferroviaire et la construction navale.

5 milliards pour le "développement durable" et les réacteurs nucléaires

A l’heure de Copenhague, Nicolas Sarkozy a également prévu de consacrer 5 milliards d’euros au développement durable. Une somme qui s’ajoutera aux « 7 milliards d’investissement de l’Etat prévus chaque année jusqu’en 2020, dans le cadre du Grenelle de l’Environnement ».

Concrètement, la France va « lancer le développement des réacteurs nucléaires de quatrième génération, un milliard d’euros, qui recycleront l’uranium et le plutonium et produiront moins de déchets », a-t-il détaillé. 2,5 milliards d’euros seront également affectés à l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), « qui sélectionnera ensuite les meilleurs projets présentés par les laboratoires dédiés aux énergies renouvelables, à l’Institut français du pétrole, au CNRS, dans les universités ou au CEA », a dit Nicolas Sarkozy. Selon lui, le Centre d’études atomiques (CEA) a un « savoir-faire inégalé » et devra « approfondir encore ces orientations en faveur des autres énergies décarbonées (…). Le CEA va donc devenir le commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives ».

Le haut débit pour tous

Nicolas Sarkozy a aussi annoncé que 4,5 milliards d’euros seraient dévolus à la généralisation du haut débit sur l’ensemble du territoire. Sur ces 4,5 milliards, 750 millions d’euros seront en outre investis dans la « numérisation des contenus de nos musées, de nos bibliothèques, de notre patrimoine cinématographique », a déclaré le président de la République.

Enfin, 8 milliards d’euros seront alloués à la recherche, dont 2,5 milliards à la santé et aux biotechnologies a ajouté le chef de l’Etat en insistant sur le fait que « la France a des laboratoires de pointe » : « Nous souffrons de la dispersion des efforts et du cloisonnement trop fréquent entre la recherche et le monde économique ». Il souhaite notamment valoriser les brevets industriels, car, selon lui, « nous sommes champions sur les découvertes, mais très en retard sur les brevets ».

Sur le plan de la santé, il a précisé que les fonds seront destinés à la recherche sur « le cancer, les maladies génétiques, Alzheimer et le sida ». Il a, en outre, rappelé la création « d'instituts hospitalo-universitaires » pour « rassembler des équipes de recherche de niveau mondial autour d'un projet scientifique cohérent », ajoutant que l'Etat y consacrerait « 850 millions d'euros ».