Gordon Brown et Nicolas Sarkozy proposent, dans une tribune conjointe dans le Wall Street Journal à paraître jeudi, un "pacte mondial à long terme" de régulation bancaire.

Tirant les leçons de la crise financière mondiale, le Premier ministre britannique et le président français plaident, dans ce texte rendu public à Paris par l'Elysée, pour l'instauration d'"un pacte mondial à long terme qui fasse la synthèse tant des responsabilités du système bancaire que du risque qu'il présente pour l'économie dans son ensemble".

Cette démonstration d'unité intervient alors que les deux hommes doivent se rencontrer jeudi à Bruxelles avant le Conseil européen. Leur entretien devrait mettre un terme à une période chahutée pour la relation franco-britannique, en raison d'une controverse autour de la nomination du Français Michel Barnier au poste de commissaire européen en charge du marché intérieur.

M. Sarkozy y avait vu un triomphe des idées françaises en Europe, commentaire considéré à Londres comme une attaque contre la city.

Dans leur texte, les deux hommes saluent un rôle pionnier de l'Europe dans "la restructuration de notre système bancaire", "la mise en place d'un nouveau forum de coopération économique réunissant les dirigeants du G20" et la relance budgétaire, "qui a empêché qu'une récession ne se mue en dépression mondiale".

"Aujourd'hui, nous devons une fois de plus prendre la tête des initiatives visant à forger un nouveau consensus mondial", poursuivent MM. Brown et Sarkozy.

"Lorsque se produisent des crises, ce sont les contribuables qui doivent en assumer le coût", relèvent-ils, alors que "les actionnaires et collaborateurs des établissements financiers bénéficient, eux, de tous les avantages dès que l'économie se redresse".

"Cette crise nous a fait comprendre que nous sommes à présent dans une économie qui n'est plus nationale mais mondiale, et que les normes financières doivent donc être mondiales, elles aussi", selon MM. Brown et Sarkozy.

"Il nous faut de toute urgence instaurer un nouveau pacte entre les banques internationales et la société au service desquelles elles opèrent", exhortent-ils.

Ils préconisent en priorité "un impôt exceptionnel assis sur les primes versées", "parce que les bonus pour 2009 sont en partie le résultat du soutien apporté par les Etats au système bancaire".

"Toutefois, il est clair que les mesures à prendre ne peuvent l'être qu'au niveau mondial. Aucun pays n'est tenu, ou en mesure, d'agir seul", insistent MM. Brown et Sarkozy.

"Si nous pouvons trouver une solution, mise en oeuvre uniformément dans les grandes économies, alors nous trouverons peut-être le moyen d'éviter que les contribuables ne paient, en cas de crise systémique, pour les risques pris par le secteur bancaire", jugent-ils.

"Enfin, pour parvenir à une coordination mondiale, nous proposons aujourd'hui un nouveau processus d'examen et de définition de la stratégie macro-économique, en commençant par le rapport du FMI sur les contributions globales, et en tenant un grand débat au G20, présidé l'année prochaine par la République de Corée. Par ce processus, nous entendons corriger et éviter l'accumulation des déséquilibres mondiaux", ajoutent les deux cosignataires.