Alors que les Français devaient avoir la possibilité de souscrire au grand emprunt national souhaité par Nicolas Sarkozy, Michel Rocard a annoncé qu’il serait souscrit uniquement auprès des marchés. Une méthode moins chère selon Christine Lagarde.

C’est Michel Rocard qui l’a annoncé mercredi au quotidien Direct matin : le grand emprunt national sera souscrit exclusivement auprès des marchés. Les particuliers n’auront donc pas la possibilité d’y souscrire, comme prévu au départ. « Nous lèverons tout auprès des marchés, sans doute en deux fois, mais avec une sélection de secteurs », a annoncé Michel Rocard. « Pour lever auprès des particuliers, il faudrait les allécher (pratiquer un taux d’intérêt supérieur, ndlr), ce qui coûte plus cher. Ça ne vaut pas le coup », a-t-il expliqué.

Ce grand emprunt national voulu par le président Sarkozy pour développer la compétitivité de la France, devrait être « d’environ 35 milliards d’euros », selon l’ancien premier ministre, membre, avec Alain Juppé, de la commission du « grand emprunt ».

Une bonne décision selon Lagarde

Les marchés devraient lever entre 20 et 22 milliards, d'après Michel Rocard. Le gouvernement, quant à lui, a annoncé qu’il affecterait à cet emprunt les 13,4 milliards d’euros remboursés par les banques aidées par l’Etat au moment de la crise.

Interrogée sur France Info, Christine Lagarde a indiqué que c’était « une bonne décision sur le plan financier, parce qu'un grand emprunt qui est financé par appel aux marchés coûte généralement moins cher qu'un grand emprunt qui s'adresse à l'ensemble de nos concitoyens ».

La recherche et l'enseignement supérieur principaux bénéficiaires

Les fonds récoltés par le grand emprunt devraient concerner essentiellement la recherche et l’enseignement supérieur. Le grand emprunt « va permettre la poursuite des recherches dans les sciences du vivant, les énergies nouvelles, la mobilité du futur, dont l’aéronautique », a souligné l’ancien premier ministre.

En revanche, conformément aux doléances du président de la République, le financement des infrastructures a été rejeté. « Le président nous a demandé de réfléchir au long terme pour redonner un rayonnement à la recherche française. Nous avons considéré que les lignes TGV, les autoroutes, le canal Seine-Nord, les ponts ou le chemin de fer entre Lyon et Turin ne représentent pas assez d’innovations pour répondre à l’exigence demandée », a-t-il justifié.  

Selon un récent sondage TNS Sofres, plus d’un Français sur deux juge « inutile » le futur grand emprunt national.