Le dispositif de chômage partiel, destiné à soutenir les entreprises face aux conséquences économiques de l’épidémie de Covid-19, a fait le bonheur des escrocs : plus de 200 millions d’euros ont déjà été détournés, selon Le Parisien.

En avril dernier, au plus fort de la crise engendrée par le premier confinement, ce sont 5 millions de salariés qui ont profité de l’élargissement du chômage partiel, décidé par les pouvoirs publics pour soulager les entreprises. 5 millions de salariés, donc qui ont vu tout ou partie de leurs revenus pris en charge par l’Etat, à hauteur de 84% du salaire net (100% pour le Smic).

Cet effort de la puissance publique, qui se chiffre en dizaines de milliard d’euros, a donné des idées à nombre d’escrocs, qui ont réussi à détourner plus de 200 millions d’euros, selon un décompte publié par Le Parisien. Parmi eux, des patrons profiteurs, qui ont réclamé une indemnisation alors que leurs salariés étaient au travail, ou se sont inventés des salariés pour capter l’argent public. Mais les failles du dispositif ont aussi attiré des escrocs de plus haut vol.

La justice parisienne enquête actuellement sur une affaire en particulier, dont l’ampleur donne le tournis : 182 millions d’euros d’aides publiques détournées, dont 53 millions au moins n’ont pas pu être récupérées.

Comment les escrocs, certainement liés à la grande criminalité internationale, ont-ils procédé ? Tout simplement en recueillant, sur certains sites spécialisées, les coordonnées de plus de 7 000 très petites entreprises (moins de 10 salariés) et de leurs gérants, puis en faisant en leur nom une demande de chômage partiel. Simple mais efficace : dans l’urgence, certaines Directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Directe) ont, semble-t-il, validé des dossiers sans contrôle ou presque. Il a fallu attendre la fin juin pour que la fraude soit finalement repérée.