Cloîtrés chez eux jusqu’à nouvel ordre pour échapper au coronavirus, les Français regardent beaucoup plus la télé. Mais les plateformes de streaming ne profitent pas du même engouement. Pourquoi ?

Le confinement, une aubaine pour les services de vidéo en ligne sur abonnement (SVoD) ? A priori, la réponse semblait évidente. Avec les mesures de confinement décidées lundi dernier par le chef de l’Etat pour lutter contre la propagation de l’épidémie de coronavirus, les Français passent plus de temps devant la télévision.

Mercredi, par exemple, la durée d’écoute a atteint 4h30 en moyenne, contre 3H29 un an plus tôt, le 18 mars 2019, selon les chiffres de Médiamétrie, cités ce lundi par Les Echos. Alors que les enfants restent à la maison et que les possibilités de sortie sont désormais interdites, sauf exceptions, il faut bien s’occuper.

« Entre le télétravail et les devoirs des enfants à la maison, c’est compliqué ! »

Mais paradoxalement, les Netflix, Amazon Prime, OCS et consorts ne profitent pas du même engouement. Selon le baromètre de NPA Conseil, la durée d'écoute de la SVoD a progressé seulement d’environ 10 minutes mardi et mercredi, avec un visionnage de 2h35 par jour en moyenne.

« Ce n'est pas énorme. On avait enregistré des durées plus importantes en janvier, après des sorties de films et de séries très appréciées plus importantes en fin d'année », estime Gilles Pezet, responsable du pôle économie des réseaux et usages numériques de NPA, interrogé par le quotidien économique. La situation est encore plus marquée pour le streaming audio avec même une baisse de l'utilisation.

« Entre le télétravail et les devoirs des enfants à la maison, c’est quand même compliqué ! Je m’interroge aussi sur un besoin, dans un premier temps, de silence. Toute notre routine qui change, ce n’est pas anodin. Il va y avoir un temps de réglage. Et puis, en ce moment, nous sommes plus avides d’informations à la radio ou à la télévision que de musique. Il y a besoin de savoir et de comprendre. Le temps alloué à la musique a totalement fondu », explique à Ouest-France, Sophian Fanen, auteur de Boulevard du stream.

« La consommation devrait très fortement augmenter » en avril

Mais concernant la SVoD, le phénomène n’est peut-être que temporaire. « La consommation devrait très fortement augmenter dès que l'on va avoir de nouvelles saisons de séries comme La casa de papel (début avril, NDLR)... », prédit Gilles Pezet. Et il faudra compter aussi avec l’arrivée de Disney+.

Le lancement, qui était prévu demain en France, a été décalé au 7 avril à la demande du gouvernement. En effet, les opérateurs télécoms craignent une saturation des réseaux, au moment où ils doivent faire face à une forte hausse du trafic internet, jusqu’à 30%, liée notamment à l’explosion du télétravail. Dans ce contexte, Netflix a aussi été mise à contribution. L’entreprise a accepté, sous la pression de la Commission européenne, de dégrader la qualité de ses vidéos afin de diminuer de 25% le trafic qu’elle utilise.

En bourse aussi, pour l’instant, Netflix ne profite pas encore vraiment du coronavirus. De nombreux investisseurs en avaient pourtant fait le pari. A Wall Street, l’action avait d’ailleurs atteint un pic le 19 février, tout proche des 393 dollars. Désormais, elle tutoie les 333 dollars, soit une baisse de 18%, contre 26% pour l’indice Nasdaq 100 dont le titre fait partie.