La firme américaine a accepté, sous la pression de la Commission européenne, de dégrader la qualité de ses vidéos pendant 30 jours. Cette mesure devrait faire baisser de 25% le trafic utilisé par Netflix sur les réseaux des opérateurs télécoms en Europe.

Depuis le début de la semaine, Internet et les réseaux télécoms sont en surchauffe. Selon Les Echos, la consommation de données a connu une augmentation comprise « entre 10% et 30% » selon les opérateurs par rapport à une semaine normale. En cause notamment : le recours massif au télétravail. Les VPN, qui permettent de se connecter sur un réseau privé d’entreprise à distance, avaient enregistré un usage en hausse de 21% la semaine du 9 au 15 mars comparé à la semaine précédente, selon Atlas VPN (et les chiffres devraient être encore plus significatifs cette semaine). Mais c’est surtout le streaming qui engendre cette surchauffe des réseaux télécoms. En temps normal, Netflix « mange » à elle seule 25% de la bande passante des opérateurs selon l’ARCEP, l’autorité de régulation du secteur. Et avec enfants et adultes confinés à la maison depuis lundi, le visionnage de vidéos est en forte hausse. « Les pics que l'on voyait d'habitude le week-end ont désormais lieu toute la semaine », a précisé aux Echos le cabinet de Cédric O, secrétaire d'Etat au numérique. Chez l’un des opérateurs français, Netflix a enregistré +75% de fréquentation !

Face à la crainte d’engorgement, Thierry Breton, commissaire européen en charge notamment du numérique, s’est entretenu à deux reprises avec Reed Hastings, le PDG de Netflix. Celui-ci a finalement accepté hier soir de réduire la qualité des vidéos pour libérer de la bande passante. Concrètement, jusqu’à présent, Netflix proposait de façon automatique le débit le plus élevé possible. Désormais, ce sera définition standard pour tout le monde, sauf les abonnés Premium qui payent justement pour une « très haute définition ». Le leader du streaming estime que cette mesure va faire baisser de 25% son poids sur les réseaux des plus de 70 opérateurs de télécommunications en Europe. Car la définition standard consomme 3 fois moins de data que la haute définition, comme le précise Netflix sur son site : « Regarder des émissions de télévision ou des films sur Netflix utilise environ 1 Go de données par heure pour chaque flux de vidéo en définition standard, et jusqu’à 3 Go par heure pour chaque flux de vidéo HD ». De son côté, Youtube a emboîté le pas à Netflix et va désactiver le streaming haute définition en Europe dans les heures qui viennent.

Avec l’arrivée de Disney+ la semaine prochaine, le streaming pourrait connaître un nouveau pic de croissance. Mais pour le moment, aucune mesure de bridage de services de vidéo à la demande n’est prévue par les opérateurs télécoms. Elle serait d’ailleurs contraire à la neutralité du net, qui consiste à ne privilégier ou à ne discriminer aucun usage d’Internet par rapport à un autre.

Quelques bonnes pratiques pour éviter la saturation

  • Privilégier une connexion à un réseau fixe (ADSL, fibre, câble) pour communiquer plutôt qu’un passage par le réseau mobile 4G
  • Limiter sa consommation de vidéos en streaming (Netflix, YouTube ou Facebook)
  • Télécharger les films et séries à visionner aux horaires les moins « chargés » (le matin, en pleine nuit)
  • Ne pas appeler ses proches immédiatement après une intervention d’Emmanuel Macron (le site 01net relève que « les opérateurs ont enregistré des pics d’appels dignes d’un soir de 31 décembre après chaque intervention du président ». Or « cela encombre les réseaux téléphoniques au détriment des appels d’urgence »)