Alors que les notaires font le bilan de l’année immobilière 2011, Me Pierre Bazaille, président des services du Marché immobilier des notaires, confirme une baisse des prix modérée à Paris comme en province sur les 6 premiers mois de 2012. Interview.

Quelle a été la principale caractéristique du marché immobilier en 2011 ?

« L’année 2011 a été historique en terme de volume dans l’ancien, puisqu’on recense 852.000 ventes, contre 827.000 en 2005, année du précédent record. 2011 est d’ailleurs surtout une année historique pour la province, où l’on enregistre 710.000 ventes. Ce millésime n’a pas été très bon pour l’Ile-de-France, où l’on totalise 148.000 ventes, beaucoup moins que les 167.400 ventes de 2005. Parmi les régions qui se sont montrées particulièrement dynamiques figurent notamment la Gironde (+ 35%), l’Ain (+ 26%), la Corrèze (+ 26%), les Ardennes (+ 25%) et la Savoie (+ 21%). Au niveau des prix, maintenant, le m2 s’est vendu, en moyenne, à 8.390 euros à Paris au quatrième trimestre 2011. En province, les villes les plus chères restent Nice (3.670 €), Lyon (3.140€), Lille (3.090€) et Bordeaux (2.790€). »

Pour 2012, maintenant, la baisse des prix annoncée se concrétise-t-elle ?

« Pour le moment, on observe bien une érosion des prix mais elle reste contenue, sans rapport avec les baisses de 10% qui ont été observées en 2008 et en 2009. Globalement, les prix reculent de 2,4% sur 6 mois en province et de 3,2% à Paris durant la même période. Evidemment ces moyennes cachent des différences, selon les marchés. Ainsi, en province, la plupart des zones côtières résistent bien mais à l’intérieur des terres, les baisses peuvent être plus sèches. Exemple, en Bretagne : on relève des baisses limitées sur le littoral des Côtes-d’Armor. Mais lorsqu’on s’éloigne de la mer, la chute est plus importante. Pour Paris, la baisse concerne tous les types de biens, y compris l’immobilier de prestige, et en terme de localisation, elle est plus nette dans les arrondissements les moins cotés. »

Quelles sont vos anticipations de marché pour la fin 2012 ?

« Deux scénarii sont possibles : soit on s’installe dans une crise économique sévère, avec des taux en hausse, et les prix reculeront dans une proportion comparable à celle des années 2008–2009. Soit la situation s’améliore et le recul des prix restera limitée. Pour le moment, j’observe que la baisse des taux d’intérêt des dernières semaines a plutôt eu pour effet de resolvabiliser une partie des acheteurs. »

Mesurez vous déjà l’effet du recentrage du PTZ+ et de la fin annoncée de la réduction Scellier ?

« Pour le moment, le marché est attentiste car après la présidentielle, et quelle que soit son issue, il y aura certainement une loi de finances rectificative. Mais avec quelles mesures pour le neuf ? En ce qui concerne le PTZ, il faut voir comment le réseau bancaire s’appropriera les nouvelles dispositions. Quant à la loi Scellier, il y a toujours des clients, même avec un avantage fiscal ramené à 13%, mais en moins grand nombre. »

S’il est réélu, Nicolas Sarkozy annonce une réduction de 50% sur les droits de mutation. Quel serait son effet ?

« Une baisse aurait certainement un effet positif, même si ce n’est qu’à la marge. Il y a 10 ans, une ristourne était intervenue et elle avait joué favorablement. Une baisse de la fiscalité, cela aide toujours ! »